Étude du rôle du gène FLO11 et de son implication potentielle dans les propriétés pariétales et membranaires des levures
Auteur / Autrice : | Clara Bouyx |
Direction : | Jean-Marie François, Marion Schiavone, Anne Ortiz-Julien |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ingénieries microbienne et enzymatique |
Date : | Soutenance le 17/11/2021 |
Etablissement(s) : | Toulouse, INSA |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : TBI - Toulouse Biotechnology Institute, Bio & Chemical Engineering - Toulouse Biotechnology Institute / TBI |
Jury : | Président / Présidente : Carole Camarasa |
Examinateurs / Examinatrices : Amparo Querol | |
Rapporteur / Rapporteuse : Hervé Alexandre, Florian Franz Bauer |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
En vinification, deux critères importants doivent être remplis par les levures assurant la transformation du moût de raisin en vin : démontrer une efficacité fermentaire et favoriser les caractéristiques organoleptiques du vin produit. Pour répondre au premier critère, ces levures peuvent être sélectionnées selon leur capacité à résister aux nombreux stress environnementaux et nutritionnels auxquels elles doivent faire face tout au long de la fermentation alcoolique. Par ailleurs, l’ajout de « dérivés de levures » industriels permet d’augmenter les capacités fermentaires des levures sèches actives avant inoculation du moût de raisin. La capacité à libérer des mannoprotéines et la teneur en stérols sont un critère de choix de ces levures destinées à être utilisées comme adjuvants de la vinification. C’est le cas de la souche S. cerevisiae L69 qui possède des propriétés pariétales originales dont notamment la formation de nanodomaines adhésifs (agrégats protéiques pouvant être dépliés sous l'effet d'une force physique externe) accompagnée par une quantité en mannoprotéines supérieure aux autres souches dont la souche de laboratoire BY4741, et qui présente une expression particulièrement élevée du gène FLO11 codant une Floculine (Schiavone et al., 2014 ; Schiavone et al., 2016).L’objectif général de cette thèse a donc été d’étudier le rôle du gène FLO11 et son implication potentielle dans les propriétés pariétales et membranaires de levures œnologiques, dont L69. La première partie de ma thèse a porté sur une analyse fonctionnelle de Flo11. Grâce l’utilisation de techniques de microscopies (AFM et immunofluorescence) combinées à des analyses bio-informatiques, nous avons montré pour la première fois que la protéine Flo11 de Saccharomyces cerevisiae est indispensable à la formation de nanodomaines adhésifs présents à la surface cellulaire et qu’un nombre seuil de motifs amyloïdes doit être présent dans la séquence protéique de Flo11. Ensuite, en utilisant une approche d'édition du génome, nous avons construit des souches exprimant des variants de cette protéine exprimés sous la dépendance du promoteur endogène FLO11, ce qui a conduit à montrer que la perte de séquences amyloïdes réduit fortement l'interaction cellule-cellule mais n'a aucun effet sur l'adhérence plastique ou la croissance invasive dans la gélose, les deux phénotypes étant par contre dépendants des extrémités N- et C-terminales de Flo11p. Enfin, cette étude a permis de montrer que la localisation de Flo11 n'est pas modifiée ni par l'absence de séquences formatrices d'amyloïdes ni par l'élimination des extrémités N- ou C-terminales de la protéine. Dans une seconde partie, les capacités fermentaires de la souche L69 en conditions œnologiques favorables et sous la contrainte de deux stress nutritionnels (carence azotée et absence de lipides) ont été évaluées. Cette étude a été réalisée par comparaison avec deux autres levures œnologiques de référence ECA5 et U43. Ces travaux ont montré que la souche L69 est bien plus résistante à l’accumulation d’éthanol et libère plus de mannoprotéines dans le milieu, et que ces deux caractéristiques sont respectivement impactées négativement ou positivement dans une souche défectueuse du gène FLO11. Nous avons noté aussi pour la première fois qu’une carence azotée favorise considérablement le relargage des mannoprotéines chez toutes les levures œnologiques que nous avons testées et que cette libération a lieu dès le début de la fermentation alcoolique. Enfin, nos travaux ont montré que le gène FLO11 semble impliqué dans la gestion et le stockage des lipides chez L69 et nous avons aussi mis en évidence que le procédé, en particulier le processus d’autolyse de levures pour générer des dérivés de levures impacte positivement la gestion des lipides.