Thèse soutenue

Evaluation de transferts monétaires saisonniers et pluriannuels pour la prévention de la malnutrition aiguë : le projet MAM’Out

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Auteur / Autrice : Audrey Tonguet-Papucci
Direction : Jean-François HuneauPatrick Kolsteren
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 27/01/2017
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France en cotutelle avec Universiteit Gent
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : AgroParisTech (France ; 2007-....)
Laboratoire : Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire (PNCA)
Jury : Président / Présidente : France Caillavet
Examinateurs / Examinatrices : France Caillavet, Claire Mouquet-Rivier, Sandrine Dury, Anne Hatløy, Carl Lachat
Rapporteurs / Rapporteuses : Claire Mouquet-Rivier, Sandrine Dury

Résumé

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La malnutrition aigüe est un problème de santé publique. Cependant un manque de preuves persiste en ce qui concerne les stratégies préventives ne se fondant pas principalement sur des produits alimentaires. Les transferts monétaires sont de plus en plus mis en oeuvre en contextes d’urgence et de développement et ont le potentiel de prévenir la sous-nutrition en agissant sur plusieurs de ses causes sous-jacentes, dont l’insécurité alimentaire et l’accès aux services et produits de base. Cependant, à ce jour, aucune étude de conception solide et rigoureuse n’a exploré le lien entre transferts monétaires inconditionnels (TMI) saisonniers et malnutrition aigüe. Il a par contre été prouvé que les TMI ont un effet positif sur la disponibilité alimentaire et l’accès à la nourriture. Cependant, les résultats des effets des TMI sur la qualité de l’alimentation des enfants, les soins de santé et le bien-être psychosocial des familles bénéficiant de ces transferts sont contradictoires. Le projet de recherche MAM’Out a été mis en oeuvre dans ce contexte afin d’évaluer les effets de TMI saisonniers, pluriannuels et ciblés sur les femmes, sur la prévention de la malnutrition aigüe dans des zones rurales du Burkina Faso. Dans cet essai contrôlé randomisé à deux bras, un groupe a bénéficié de transferts monétaires par téléphone portable pendant 5 mois par an, et l’autre groupe servait de comparaison. Des données qualitatives ont été récoltées mensuellement pendant la période de transferts monétaires sur les deux années auprès de participants divers. Les interviewés ont déclaré dépenser l’argent dans deux domaines principaux : la nourriture et les soins de santé pour l’enfant et la famille. Le programme a également été associé à des changements positifs au niveau du ménage, essentiellement en lien avec l’égalité des genres et l’amélioration du statut de la femme. Il a de même favorisé l’intégration sociale des plus pauvres au niveau de la communauté via un partage de l’argent reçu. Parmi les effets inattendus du programme, les plans de grossesse de certaines femmes peuvent être cités. L’effet des transferts monétaire sur la qualité de l’alimentation a été évalué via deux rappels alimentaires de 24h conduits en juillet et aout 2014 sur un sous-échantillon d’enfants appartenant aux deux groupes. Les résultats montrent que les TMI saisonniers sont associés à une amélioration de l’alimentation des enfants de 14 à 27 mois, et plus particulièrement à une consommation accrue de produits animaux, d’aliments riches ou enrichis en fer, de lipides et de vitamine B12 comparé au groupe contrôle. Aucune différence n’a été trouvée pour la consommation énergétique et en protéines entre les deux groupes. De plus, deux tiers des enfants du groupe d’intervention présentaient une diversité alimentaire minimum adéquate alors que cette proportion n’était que d’un tiers dans le groupe contrôle. Cependant la qualité de l’alimentation des enfants dans les deux groupes reste sous-optimale pendant la période de soudure. Par ailleurs, des mesures anthropométriques et de morbidité ont été effectuées tous les trimestres pendant plus de deux ans. Les enfants du groupe d’intervention avaient un risque auto-déclaré plus faible de développer des infections respiratoires comparé au groupe contrôle. Cependant ni le nombre d’épisodes cumulatifs de malnutrition aigüe ni les marqueurs anthropométriques de statut nutritionnel à la fin de l’étude ne diffère entre les enfants du groupe intervention et contrôle. Les TMI saisonniers devraient être pris en compte lors de programmes de protection sociale visant à améliorer l’alimentation des enfants. En ce qui concerne la réduction de la malnutrition aigüe infantile, une approche intégrée combinant argent et un ou plusieurs autres composants identifiés comme un contributeur clé de la malnutrition aigüe localement devrait être préférée.