La biodiversité, un patrimoine à gérer par les acteurs du rural ?
Auteur / Autrice : | Cyrille Cobert |
Direction : | Nathalie Frascaria-lacoste |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Inscription en doctorat le 04/09/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, Alimentation, Biologie, Environnement, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Écologie, Systématique et Évolution |
Equipe de recherche : Trajectoires EcologiqueS et Société | |
Référent : AgroParisTech |
Mots clés
Résumé
Le déclin de la biodiversité à l'échelle mondiale est un phénomène alarmant, sur lequel des groupes d'experts réunis au sein de l'IPBES, ainsi que nombre d'acteurs, alertent régulièrement. De nombreux travaux sont menés sur la biodiversité, dans les milieux « naturels », ou en ville. En milieu rural, elle est souvent étudiée sous l'angle de ses interactions avec les pratiques forestières ou agricoles, qu'il s'agisse, par exemple, des conséquences des pratiques agricoles sur la biodiversité ou des services rendus par cette dernière à l'agriculture. Ces travaux sont essentiels. Il apparaît néanmoins que la ruralité ne peut pas être réduite à l'une ou l'autre de ses composantes, et qu'elle intègre des dimensions agricoles et forestières, bien sûr, mais aussi paysagères, économiques, sociologiques, de mode de vie. Notion complexe, la ruralité est, en plus, en constante évolution. Après l'exode rural des Trente Glorieuses, l'extension en tâche d'huile des villes puis une volonté de retour à la terre de plus en plus prégnante chez certains citadins qui, pour certains, franchissent le pas, le monde rural connaît de profondes mutations. Si l'activité agricole couvre toujours la majorité du parcellaire rural, les agriculteurs sont désormais très minoritaires dans le monde rural : dans la France sous nos yeux, en 2021, Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely parlent de la « fin des agriculteurs », qui succède à la « fin des paysans », titre d'un ouvrage d'Henri Mendras en 1967, signalant par-là une profonde évolution de l'agriculture, au sein d'une ruralité elle-même en évolution. Ces bouleversements invitent à reconsidérer le monde rural et sa place dans les problématiques actuelles. Existe-t-il une « culture rurale du vivant » et, si oui, en quoi est-elle affectée par ses bouleversements ? Quel rôle les acteurs du rural peuvent-ils jouer quant à la prise en charge de leur biodiversité ? Face à la complexité de l'enjeu, il nous paraît opportun de proposer un projet de recherche résolument transdisciplinaire, et d'associer étroitement les acteurs du rural, premiers concernés, à cette réflexion. Pour cela, il convient de faire appel à une méthodologie dédiée, qui permettra d'analyser les perceptions, actions éventuelles, les freins et/ou blocages d'une prise en charge effective de la biodiversité par les acteurs du rural de plusieurs territoires contrastés, et de mettre en avant les dispositifs émergents et novateurs pouvant être des leviers d'actions innovants pour la biodiversité et les paysages. L'audit patrimonial, démarche par essence stratégique au service des territoires et de ses acteurs, constituera le matériau de recherche principal de la thèse. L'audit patrimonial permettra d'aller à la rencontre de divers acteurs concernés par la biodiversité dans le rural : élus, agriculteurs, associations , à l'échelle nationale puis sur cinq territoires. Les entretiens semi-directifs (quarante par territoire) seront menés grâce à une grille d'analyse stratégique et une déontologie stricte, garantissant notamment la confidentialité des propos des acteurs audités . Cette démarche vise à mobiliser les acteurs, d'organiser une co-expertise et de déboucher sur une co-construction d'actions en faveur de la biodiversité, acceptées car elles intègrent toutes les qualités d'un territoire. Cela a souvent porté ses fruits. En Île-de-France, une démarche stratégique sur l'agriculture périurbaine a conduit à l'élaboration de chartes patrimoniales, puis à la création de Terre et Cité sur le plateau de Saclay, et de l'APPVPA, association patrimoniale de la Plaine de Versailles et du Plateau des Alluets. Sur la Plaine de Versailles, beaucoup craignaient, il y a vingt ans, la disparition de l'agriculture et la banalisation du territoire. Aujourd'hui, les initiatives en faveur d'une agriculture raisonnée ou biologique se multiplient, les circuits courts se développent, une charte paysagère a été rédigée et de nombreux projets en faveur de la biodiversité sont initiés, par exemple une réserve de biosphère.