Dynamique de l'albédo de surface et bénéfice climatique de l'agriculture de conservation au Zimbabwe sub-humide
Auteur / Autrice : | Souleymane Diop |
Direction : | Eric Ceschia, Rémi Cardinael |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'environnement |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, Alimentation, Biologie, Environnement, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ECOSYS Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes |
Référent : AgroParisTech | |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....) |
Mots clés
Résumé
L'agriculture de conservation (AC) est l'une des solutions basées sur la nature offrant des perspectives potentielles à la fois pour l'atténuation et l'adaptation au changement climatique. L'étude du potentiel d'atténuation du changement climatique de l'AC s'est jusqu'à présent principalement concentrée sur les effets biogéochimiques (c.-à-d. séquestration de carbone, émissions de gaz à effet de serre), tandis que les effets biogéophysiques (albédo, évapotranspiration, etc.) sont souvent négligés. Cela est d'autant plus vrai en Afrique subsaharienne, où de telles études sont inexistantes malgré une importante promotion de l'AC. Dans ce contexte, nous avons quantifié les effets biogéophysiques à travers des mesures continues d'albédo de surface, de rayonnement thermique, de température de surface, de contenu en eau dans le sol et de la dynamique de croissance du maïs pendant deux ans au Zimbabwe. Ce travail a été réalisé sur deux essais de longue durée mis en place en 2013, présentant des types de sols contrastés : un Lixisol abruptique sableux et clair, et un Ferralsol xanthique argileux et plus sombre. Trois pratiques culturales ont été étudiées au cours de cette étude : le travail du sol conventionnel (CT), la suppression du travail du sol (NT), et le maintien des résidus de culture en surface avec l'absence de travail du sol (NTM). Les résultats ont montré une augmentation de l'albédo de surface suite à l'adoption de NT comparé à CT, quel que soit le type de sol. L'apport de résidus de culture en surface a eu des effets contrastés selon le type de sol. En effet, les résidus ont contribué à une augmentation de l'albédo de surface sur le sol argileux sombre et à sa diminution sur le sol sableux clair. Ces changements d'albédo ont entraîné des forçages radiatifs négatifs, associés à un effet de refroidissement du NT, quel que soit le type de sol, et des effets opposés pour le NTM, avec un refroidissement sur le sol argileux foncé et un réchauffement sur le sol sableux clair. Nous avons comparé ces forçages radiatifs induits par l'albédo de surface aux effets biogéochimiques du stockage du carbone organique du sol (COS) et des émissions de protoxyde d'azote (N₂O). Les résultats ont montré que sur 30 ans de pratiques AC, les changements d'albédo liés aux pratiques NT et NTM ont des effets climatiques allant de -1,27 à +1,15 t CO₂-éq ha⁻¹ an⁻¹, comparables au potentiel de stockage de carbone dans les sols en Afrique subsaharienne. Sur un sol argileux sombre, ces pratiques renforcent l'effet de refroidissement lié au stockage de COS (synergie), tandis que sur un sol sableux clair, elles entraînent un réchauffement à court terme, annulant les bénéfices climatiques du COS à long terme (antagonisme). Pour mieux comprendre les dynamiques d'albédo et leurs déterminants, le modèle de système de cultures STICS a été utilisé. Un nouveau formalisme a été proposé pour prendre en compte l'albédo de la culture en phase de sénescence, ce qui a amélioré les simulations de l'albédo de surface. Cette étude montre l'importance d'analyser conjointement les effets biogéophysiques et biogéochimiques afin de mieux évaluer les impacts climatiques des pratiques agricoles et d'optimiser les mesures d'adaptation et d'atténuation.