Thèse soutenue

Saisir le vivant dans la modélisation économique. Une histoire de l'économie des ressources biologiques dans la deuxième moitié du XXe siècle

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Auteur / Autrice : Baptiste Parent
Direction : Lauriane MouyssetAntoine MissemerHarold Levrel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 06/12/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre international de recherche sur l'environnement et le développement - Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement / CIRED
Référent : AgroParisTech (France ; 2007-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Pierre Courtois
Examinateurs / Examinatrices : H. Spencer Banzhaf, Béatrice Cherrier, Jean-Michel Salles
Rapporteurs / Rapporteuses : H. Spencer Banzhaf, Béatrice Cherrier

Résumé

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Le lien entre l'érosion massive de la biodiversité et les dynamiques économiques n'est plus à démontrer. Face à cette problématique cruciale, les appels à l'interdisciplinarité entre la science économique et les sciences du vivant se multiplient. Tels les modèles intégrés économie-climat, devenus des instruments centraux pour la conception des politiques climatiques, les modèles intégrés économie-écologie permettraient de mieux comprendre les liens économie-biodiversité et de mieux lutter contre cette situation critique.Cette thèse propose de prendre un pas de recul sur la question de l'interdisciplinarité entre économie et sciences du vivant, en adoptant une perspective historique et méthodologique. L'histoire de la pensée économique a commencé à se saisir des enjeux relatifs à la place de la nature dans l'analyse économique à un niveau conceptuel et au développement de sous-champ dédiés de l'économie, en particulier l'économie de l'environnement et l'économie écologique. L'originalité de cette thèse repose sur le fait qu'elle se centre sur l'économie des ressources biologiques et de la biodiversité, en partant du postulat que des spécificités liées au vivant peuvent résister à la logique de l'analyse économique préexistante et pousser la discipline à innover pour saisir ces caractéristiques. Plus précisément, elle se propose d'étudier des cas où des économistes ont été confrontés aux spécificités du vivant, et en sont venus à remettre en question les méthodes traditionnelles et à engendrer des innovations méthodologiques à l'interface entre l'économie et la biologie ou l'écologie.Quatre cas sont étudiés dans la thèse pour donner à voir différentes manières dont le vivant peut jouer un rôle en économie. Le premier cas est centré sur le vivant en tant que ressource sujette à la prédation,biodiversité ; modélisation ; histoire de la penséeavec l'émergence de la modélisation bioéconomique en économie des pêches, dans les années 1950. Nous étudions ensuite, dans un deuxième temps, différentes réinterprétations de ce modèle novateur, notamment avec des tentatives de généralisations de celui-ci à l'ensemble des ressources biologiques régénératrices. Dans un troisième cas d'étude, le vivant est considéré pour son caractère nuisible, contre lequel on lutte, avec la modélisation du contrôle - chimique et biologique - des ravageurs des cultures, dans les années 1970. Le quatrième et dernier cas donne à voir le vivant comme un patrimoine à préserver, résultat d'une histoire évolutionniste, avec un modèle de conservation des espèces en danger fondé sur une optimisation de la diversité génétique, dans les années 1990.Les différents fils que nous tirons à travers ces quatre épisodes nous permettent d'esquisser une histoire riche de l'économie des ressources biologiques dans la deuxième moitié du XXe siècle. Celle-ci permet de mettre en lumière des enjeux méthodologiques et épistémologiques persistants dans l'histoire de l'articulation des disciplines. En croisant ces études de cas originales avec l'histoire de l'écologie et de la biologie du vivant, la thèse met en résonance des débats épistémologiques persistants et traversant les disciplines sur le rôle des modèles, entre outils prédictifs destinés à l'application et outils heuristiques destinés au développement scientifique. Elle met également en lumière les nécessaires convergences conceptuelles - au-delà de la proximité formelle - nécessaire à la construction de modèles interdisciplinaires. Elle pointe enfin la tension omniprésente entre nécessaire sélection des propriétés du vivant décisives pour les modèles économiques et le danger d'un réductionnisme abusif en économie.