Thèse soutenue

Importance de la re-domestication pour la conservation de l'agrobiodiversité : le cas du châtaignier
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Auteur / Autrice : Cathy Bouffartigue
Direction : Laurent Hazard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences agronomiques
Date : Soutenance le 04/12/2020
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AGroécologie, Innovations, TeRritoires (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2003-....) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Cécile Robin
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Robin, Isabelle Goldringer, Pascale Maïzi, Nathalie Couix, Christian Leclerc, Timothée Flutre
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Goldringer, Pascale Maïzi

Résumé

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Depuis près de 50 ans, l’érosion de l’agrobiodiversité est constatée à l’échelle globale. Différentes stratégies de conservation ont été mises en œuvre, sans toutefois parvenir à enrayer son déclin. À l’heure d’une nécessaire transition agroécologique, les choix de conservation de l’agrobiodiversité sont questionnés avec une nouvelle acuité : « que conserver ? » et « comment conserver ? ». Les espèces pérennes mineures (en terme économique) bénéficient d’un regain d’intérêt du fait de leur adaptation à certains environnements marginaux et changeants, ou encore de leurs qualités nutritionnelles. Peu conservées ex situ, la gestion dynamique est souvent considérée comme la meilleure stratégie pour conserver leur diversité génétique. Néanmoins, sa mise en pratique pose de nombreuses questions. L’objectif de cette thèse est de comprendre l’importance que peut avoir la re-domestication du châtaignier, définie comme la réappropriation de populations locales d’une espèce abandonnée ou en contexte de production marginal, pour conserver l’agrobiodiversité.J’ai développé une approche pluridisciplinaire en mobilisant des outils propres à la génétique des populations et aux sciences humaines et sociales. Dans un premier temps, j’ai (i) identifié les actrices et acteurs qui s’intéressent (ou se désintéressent) de cette agrobiodiversité, et (ii) caractérisé cette agrobiodiversité sur le plan de la diversité génétique neutre, à l’échelle de la France. Ces deux aspects en toile de fond, j’ai ensuite (iii) comparé la caractérisation de l’agrobiodiversité par l’approche génétique avec celle réalisée par les initiatives étudiées et réalisé des entretiens et observations participantes qui ont permis de (iv) révéler les principales manières de valuer le châtaignier. La conservation de la diversité génétique du châtaignier est rendue fragile par le désengagement progressif de l’État et des associations s’organisent avec l’intention de la conserver. Le génotypage de châtaigniers cultivés et forestiers à l’aide de marqueurs de type microsatellites révèle une diversité génétique moyenne du châtaignier en France et une absence de structuration de la diversité génétique entre châtaigniers forestiers et cultivés. Indépendamment du caractère forestier ou cultivé des châtaigniers, une structuration nette a été détectée en deux groupes génétiques, qui se subdivisent ensuite en six sous-groupes. La distance géographique explique partiellement la différence génétique entre les principaux groupes. L’analyse phylogénétique et clonale a montré une bonne correspondance entre les noms de variétés et la différenciation génétique. La plupart des variétés génotypées apparaissent polyclonales dans l’échantillonnage effectué et certaines d’entre elles ont été transportées sur de longues distances. La théorie de la valuation de J. Dewey a servi de cadre d’interprétation des entretiens compréhensifs et des observations participantes réalisés auprès de deux associations en Ariège et Hautes-Pyrénées. Elle permet d’appréhender ce à quoi tiennent les actrices et acteurs impliqués dans ces associations lorsqu’elle‧il‧s redomestiquent le châtaignier. L’analyse révèle cinq manières de valuer le châtaignier : la diversité cultivée, la patrimonialisation de la nature, l’autonomisation décisionnelle et technique, le développement de relations avec le vivant et l’action collective. Les résultats suggèrent que la re-domestication du châtaignier repose sur une diversité de valuations. Dans les cas où les actrices et acteurs de terrain en viennent à attacher de l’importance à certains châtaigniers et variétés plutôt qu’à d’autres, elle‧il‧s sont susceptibles de participer à la conservation de l’agrobiodiversité. La re-domestication de populations locales ou régionales d’une espèce n’est pas directement assimilable à une gestion dynamique. (Suite et fin du résumé dans la thèse)