Thèse soutenue

Modéliser la crise de la biodiversité : les rôles de l'espace et des comportements stratégiques dans la modélisation bioéconomique

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Auteur / Autrice : Simon Jean
Direction : Lauriane Mouysset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 26/11/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre international de recherche sur l'environnement et le développement - Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement / CIRED
Référent : AgroParisTech (France ; 2007-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….)
Jury : Président / Présidente : Mireille Chiroleu-Assouline
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Quérou, Agnès Tomini, Charles Figuières, James Sanchirico, Martin Quaas
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Quérou, Agnès Tomini

Résumé

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La biodiversité mondiale subit des pressions croissantes dues aux activités humaines : perte d'habitats, surexploitation des ressources, changements climatiques, introduction d'espèces invasives. Ces menaces affectent non seulement la diversité des espèces, mais aussi les services écosystémiques essentiels. Les politiques de conservation, malgré les initiatives internationales et nationales, ont des performances mitigées. Comment mieux concevoir des politiques pour freiner l'effondrement de la biodiversité tout en prenant en compte les enjeux économiques ? Comment intégrer l'analyse économique à l'espace de la biodiversité? Comment intégrer les interactions entre agents stratégiques autour de la biodiversité ?Cette thèse modélise la perte et fragmentation de l'habitat ainsi que la surexploitation (ou le sous contrôle) des espèces en utilisant une approche bioéconomique, qui combine l'économie d'une part et l'écologie des populations et des paysages d'autre part. Elle met l'accent sur le rôle de l'espace et les interactions stratégiques, afin d'orienter les politiques publiques dans divers écosystèmes.Le premier chapitre passe en revue la littérature bioéconomique sur les systèmes socio-écologiques terrestres, et identifie deux grands paradigmes : l'optimisation économique des ressources et la conservation de la biodiversité dans des paysages aménagés. Il expose les défis méthodologiques de la modélisation bioéconomique pour mieux saisir la crise de la biodiversité, et apporter des pistes de solutions.Le deuxième chapitre développe un modèle de gestion des paysages forestiers confrontés au dilemme entre conservation et réduction des risques d'incendie. En utilisant la théorie des graphes, il définit une frontière de production entre ces objectifs sous contrainte budgétaire et caractérise les localisation des opérations de traitement des combustibles optimales, ainsi que les paysages qui en découlent.Le troisième chapitre traite de la gestion des espèces nuisibles en intégrant l'usage de clôtures écologiques. Le modèle explore comment ces barrières limitent la propagation d'espèces nuisibles dans un réseau de parcelles, en intégrant des coûts de contrôle hétérogènes. Il considère la question des externalités spatiales, et de la gestion des opportunités d'arbitrage spatiales. Il propose une analyse de la connectivité des paysages comme décision politique, et souligne l'importance d'une gestion différenciée selon les caractéristiques locale et le temps.Le quatrième chapitre analyse l'exploitation du Totoaba macdonaldi, un poisson en danger critique à cause du braconnage d'un cartel. Il revisite un modèle bioéconomique et analyse les conséquences d'un monopole vertical sur le totoaba. Il montre ensuite que l'aquaculture peut réduire la pression sur les populations sauvages, contrairement à l'idée que celle-ci intensifie l'exploitation. L'élevage de totoaba stabilise les populations et réduit les incitations au braconnage, avec des implications importantes pour la conservation.En conclusion, cette thèse propose des développements dans la modélisation bioéconomique, en prenant en compte l'espace et les comportements stratégiques, pour analyser la crise de la biodiversité, ouvrant la voie à des politiques publiques plus efficaces conciliant conservation et développement économique.