Gouverner des forêts sans forêt ? Processus de construction de l'Etat et de politisation de l'action publique transnationale dans les forêts politiques en Côte d'Ivoire
Auteur / Autrice : | Ndèye Sokhna Dieng |
Direction : | Alain Karsenty, Kouadio Boniface Komena |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences Politiques |
Date : | Soutenance le 09/07/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, AgroParisTech en cotutelle avec Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d'Ivoire). Département des sciences du langage et de la communication. Colloque international (01 ; 2019 ; Bouaké, Côte d'Ivoire)) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : SENS - Savoirs, ENvironnement, Sociétés |
Jury : | Président / Présidente : Jacobo Grajales |
Examinateurs / Examinatrices : Fred Eboko, Rozenn Nakanabo diallo, Rama Salla Dieng, Symphorien Ongolo, Marc Hufty | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacobo Grajales, Fred Eboko |
Mots clés
Résumé
Comment repenser les processus de politisation des forêts dans des territoires qualifiés comme « déforestés », et néanmoins marqués par un repositionnement de la lutte contre la déforestation dans l’agenda politique ? A partir de ces situations contrastées, cette thèse explore les relations entre les processus de territorialisation des forêts et la construction étatique, à la croisée de la sociologie politique de l’action publique et de la géographie politique. Elle a pour objet les forêts classées de Côte d’Ivoire, qui sont des espaces sociaux contestés, de par leur appartenance à l’État depuis la période coloniale. Depuis 2018, des politiques forestières visent à maintenir et regagner du couvert forestier dans ces forêts classées, notamment en les requalifiant en aires protégées ou en agro-forêts classées. D’une part, à partir d’une analyse socio-historique, cette thèse démontre que les requalifications contemporaines des forêts classées s’inscrivent dans des processus continus de construction étatique et de reterritorialisation des forêts, dans un contexte post-crise, par différents réseaux d’action publique. Ces requalifications montrent la pluralité des forêts politiques, davantage caractérisées par leur appartenance à l’État. D’autre part, cette thèse propose une discussion de l’intermédiation sociale entre les acteurs étatiques et non-étatiques (agences de développement, entreprises privées, ONG environnementales). Si les élites administratives négocient la souveraineté étatique par des processus d’hybridation et d’intermédiation sociale avec ces acteurs non-étatiques internationaux et nationaux, ces derniers mobilisent également l’appareil étatique et les élites administratives pour déployer leurs narratifs et leurs ingénieries socio-écologiques, avec des ressources différenciées. Enfin, cette thèse conceptualise l’ethno-environnementalisme, en étudiant sa sociogenèse et ses mobilisations sociales. Celui-ci se caractérise par un recadrage politique de la déforestation autour des migrations paysannes, une redéfinition de luttes sociales anciennes pour le foncier autour de la lutte contre la déforestation, et la mobilisation de l’autochtonie, en tant qu’identité politique, dans un contexte ethno-nationaliste. L’ethno-environnementalisme contribue à une redistribution de ressources sociales, politiques et symboliques entre groupes sociaux, définis par leur autochtonie ou leur appartenance à la catégorie sociale de l’« étranger ».