Thèse soutenue

Optimisation de la stratégie de saut d'exon pour le traitement de la dystrophie musculaire de Duchenne

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Auteur / Autrice : Flavien Bizot
Direction : Aurélie Goyenvalle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Pharmacotechnie et biopharmacie
Date : Soutenance le 20/03/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Innovation thérapeutique : du fondamental à l'appliqué
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Handicap neuromusculaire : physiopathologie, biothérapie et pharmacologie appliquées (Versailles ; 2015-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé et médicament (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Richard
Examinateurs / Examinatrices : Matteo Bovolenta, Virginia Arechavala-Gomeza, Matthias Titeux
Rapporteurs / Rapporteuses : Matteo Bovolenta, Virginia Arechavala-Gomeza

Résumé

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La dystrophie musculaire de Duchenne (DMD) est une maladie récessive liée à l'X qui touche 20 garçons sur 100 000. Elle se manifeste par une faiblesse musculaire progressive conduisant à une perte de la marche entre 8 et 14 ans puis par le décès des patients autour de 35 ans. La maladie est provoquée par des mutations dans le gène DMD qui conduisent à une absence de la protéine dystrophine. Il n'existe à l'heure actuelle aucun traitement capable de guérir tous les patients. Néanmoins, une stratégie très prometteuse est en développement et repose sur le principe du saut d'exon. Pour ce faire, des oligonucléotides antisens sont utilisés pour moduler l'épissage de l'ARN pré-messager, restaurer le cadre de lecture de l'ARN et ainsi produire une dystrophine fonctionnelle. Cette stratégie a déjà conduit à la mise sur le marché de 4 médicaments aux Etats-Unis mais, en raison de leur faible efficacité, aucun n'a été accepté en Europe. En effet, ces différentes molécules n'ont conduit qu'à des niveaux très faibles de restauration de la dystrophine (de 1 à 6%) ce qui est insuffisants pour espérer un bénéfice thérapeutique significatif chez les patients. Mon projet de thèse a donc pour objectif d'optimiser l'efficacité de l'approche de saut d'exon en développant des stratégies combinées. Pour ce faire, des oligonucléotides antisens de type tricyclo-DNA développés dans le laboratoire ont été co-administrés avec différentes molécules. La première combinaison thérapeutique que nous avons testé avait pour objectif de diminuer l'élimination urinaire des oligonucléotides afin d'améliorer leur biodisponibilité. En effet, la majorité des oligonucléotides sont éliminés dans les urines après une administration systémique. Nous avons réalisé une étude histologique et montré une colocalisation entre les oligonucléotides et les transporteurs OAT présents dans les tubes contournés proximaux du rein. Malheureusement, leur inhibition avec le probénécid (un inhibiteur des transporteurs OAT) n'a pas permis d'améliorer l'efficacité de notre traitement antisens. La seconde combinaison thérapeutique que nous avons testée avait pour objectif d'améliorer le transport intracellulaire des oligonucléotides. Les oligonucléotides entrent en effet dans les cellules par endocytose. Pour pouvoir être actif, ils doivent donc sortir des endosomes et aller dans le noyau cellulaire où se trouve l'ARN pré-messager. Malheureusement, seulement une infime partie d'entre eux y parvient, les autres sont éliminés par la cellule. Afin d'aider les oligonucléotides à sortir des endosomes, une molécule appelée UNC7938 fut utilisée. Cette molécule crée des pores dans les endosomes tardifs permettant ainsi aux oligonucléotides d'en sortir. La combinaison des deux traitements a permis d'augmenter les niveaux de dystrophine restaurée de 31% dans le cœur et de 58% dans le diaphragme. De plus, la fonction cardiaque fut normalisée après 12 semaines de traitement.La dernière combinaison thérapeutique que nous avons testée avait pour objectif d'augmenter les quantités d'ARN pré-messagers produits afin d'augmenter le nombre potentiel de cibles pour notre traitement. Trois inhibiteurs d'histone deacetylase (HDACi) ont été testés : le givinostat (a pan HDACi déjà utilisé en essai clinique dans DMD), l'acide valproique (un inhibiteur des HDAC de classe I/II) et EX527 (un inhibiteur des classe III). Apres 4 semaines de co-traitement avec notre oligonucléotide, l'acide valproique et le givinostat ont permis d'améliorer l'efficacité des oligonucléotides en augmentant jusqu'à +74% la production de dystrophine. De plus, un co-traitement de 12 semaines avec l'acide valproique a significativement amélioré la fonction musculaire des animaux. Tous ces résultats ont permis de démontrer la preuve de principe quant à l'utilisation de petites molécules pour améliorer l'efficacité du saut d'exon.