Offre de riz local en Afrique de l'Ouest : analyse des risques et contraintes affectant la production et de leur impact sur la sécurité alimentaire des riziculteurs
Auteur / Autrice : | Mathilde Duvallet |
Direction : | Patrice Dumas, Tamara Ben-Ari |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 27/04/2023 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Référent : AgroParisTech (France ; 2007-....) |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….) | |
Laboratoire : Centre international de recherche sur l'environnement et le développement | |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Thoyer |
Examinateurs / Examinatrices : Eric Malézieux, Raphaël Soubeyran, Maria Camila Rebolledo | |
Rapporteur / Rapporteuse : Eric Malézieux, Raphaël Soubeyran |
Mots clés
Résumé
Le riz, du fait de son importance croissante en tant qu'aliment de base, joue un rôle clé dans les régimes alimentaires ouest-africains, représentant près de 40 % du volume total de céréales consommées. Dans le contexte de la crise des prix alimentaires de 2008, plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest ont proclamé leur objectif d'autosuffisance en riz d'ici 2050, par l'expansion des zones rizicoles et l'intensification de la riziculture. L'objectif de cette thèse est d'analyser les risques de production et de marché associés à une augmentation de la production de riz en Afrique de l'Ouest et d'évaluer leur impact sur le bien-être et sur la sécurité alimentaire des producteurs de riz.Dans une première étude, l'impact potentiel de la réaffectation de ressources telles que la terre, le travail ou les capitaux vers la production de riz au détriment d'autres cultures vivrières de base comme le manioc, le maïs, le millet, le sorgho ou l'igname est examiné. En moyenne, sur toute la région, les rendements du riz sont plus variables, d'environ 20%, que ceux des cinq autres cultures alimentaires de base. Le riz tend à avoir des rendements plus variables que les autres cultures dans les régions où elles sont traditionnellement cultivées (i.e., les tubercules en zone guinéenne et le sorgho et le mil dans les zones sahélienne et soudanienne). Les rendements du riz, tous systèmes de culture confondus, ont tendance à être plus variables que ceux des autres cultures dans les régions où la variabilité des précipitations est la plus forte.L'impact des pratiques agricoles et du risque climatique sur les rendements du riz est examiné dans une deuxième étude, via la construction de fonctions de production du riz pour quatre systèmes de culture représentatifs (i.e., système pluvial de bas-fond, système de bas-fond amélioré, système irrigué, système pluvial de hautes-terres). L'étude statistique des rendements montre que les pratiques intensives (i.e., utilisation de fertilisants, de pesticides, de variétés améliorées, gestion de l'eau améliorée) augmentent significativement les rendements moyens mais ne conduisent pas à une stabilisation des rendements, à l'échelle d'une région administrative 1. Dans les zones guinéenne et soudanienne, où la pénurie d'eau et le risque de sécheresse sont moindres, c'est la fréquence de désherbage qui a le plus d'impact sur les rendements moyens. Au contraire, dans la zone sahélienne, la variabilité spatio-temporelle des précipitations explique environ 50% de la variance des rendements, dans le cas des systèmes non irrigués.Enfin, dans une troisième et dernière partie, l'impact des risques et contraintes agricoles et l'effet de changements du contexte économique sur la prise de décision des riziculteurs est évalué grâce à un modèle microéconomique. Les résultats de cette analyse montrent que la situation économique des ménages influence leur choix d'investissement dans la riziculture. Les producteurs piégés dans la trappe à pauvreté sont, par définition, contraints par le manque de capital disponible en début de cycle et n'ont donc pas la possibilité d'investir dans des intrants, contrairement aux ménages qui ont pu dégager un surplus et épargner une partie de leurs revenus. Cette trappe à pauvreté est fortement corrélée au contexte climatique, puisque dans les régions où l'eau est rare et le risque de sécheresse élevé (c'est-à-dire les zones sahélienne et Nord-soudanienne), les rendements sont faibles et l'eau est le facteur limitant, de sorte que l'ajout d'engrais ne génère pas de revenus significatifs.L'amélioration de la production de riz est, dans le contexte actuel, fortement freinée par les risques et les contraintes auxquels sont confrontés les ménages producteurs de riz. Nos résultats montrent que l'autosuffisance en riz pourrait ne pas être efficace pour atteindre la sécurité alimentaire en Afrique de l'Ouest car la production peut varier considérablement en fonction des conditions climatiques.