Thèse soutenue

Etude de la prévalence des mycotoxines dans la filière blé en Tunisie et de leur réduction par des bio-produits in vivo

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Auteur / Autrice : Amina Aloui
Direction : Catherine BrabetSamir Abbès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biotechnologie et Microbiologie
Date : Soutenance le 18/12/2023
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....) en cotutelle avec Université de Monastir (Tunisie)
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Qualisud (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Salwa Abid
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Colas de La Noue
Rapporteurs / Rapporteuses : Mondher Mejri, Florence Mathieu

Résumé

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Les mycotoxines sont des composés naturellement toxiques. Elles sont considérées comme une préoccupation internationale en matière de sécurité sanitaire. Les céréales sont les denrées alimentaires les plus fréquemment contaminées par les mycotoxines. En Tunisie, le blé est la céréale la plus cultivée, il constitue, avec ses dérivés, l’épine dorsale du système alimentaire tunisien. Le but de la présente étude est d’étudier l’occurrence des mycotoxines dans la filière blé en Tunisie. 136 échantillons de blé sont collectés de deux régions climatiques différentes : Kairouan et Béja. La collecte est effectuée en différents points de la filière : au champ, à la récolte, au pré-stockage et au stockage durant deux compagnes successives en 2020 et en 2021 dont le but est de déterminer le risque sur la population tunisienne. Ensuite, nous avons essayé d’évaluer le pouvoir de décontamination des ces mycotoxines in vitro par l’utilisation des bactéries lactiques (LAB) et de la Bentonite (BT) et d’étudier la toxicité de ces mycotoxines et la capacité de ces bio-produits à prévenir leur toxicité in vivo.L’analyse multi-mycotoxines des échantillons de blé montre bien que la filière blé en Tunisie est contaminé par l’aflatoxine B1 (AFB1) et/ou des enniatines A1, B, B1. L’AFB1 a contaminé plus fréquemment les échantillons de blé stocké et toutes les concentrations déterminées dépassent la limite des doses acceptables. Toutefois, les enniatines A1 et B ont été détectées aux différents points de collecte du blé et dans les 2 régions d’échantillonnage. Au cours des deux années d’échantillonnage, l’enniatine B était la mycotoxine la plus fréquemment trouvée, suivie par l’enniatine B1 et l’enniatine A1. Tous les échantillons prélevés avaient une activité hydrique inférieure à 0,7 et la teneur en eau variait de 9 à 14 %. La présence de mycotoxines dans les échantillons de blé était le résultat d’une contamination antérieure par des facteurs favorisant l’infection fongique et la production de mycotoxines (conditions climatiques, pratiques culturales des agriculteurs et conditions de stockage). Les concentrations d’AFB1 et la co-occurrence de mycotoxines dans les échantillons de blé rapportés dans cette étude représentent un risque pour la santé des consommateurs tunisiens. Pour l’étude in vitro, Les résultats ont révélé que les 3 Lactobacillus utilisées, L. plantarum MON03 (LP), L. paracasei BEJ01 (LB), L. rhamnosus GAF06 (LR) et la BT, ont montré une capacité pour éliminer les mycotoxines (AFB1, AFM1, OTA et ZEN) dans les différentes conditions testées. Ensuite, selon la CI50, les données ne reflétaient pas la toxicité du BT ou du LP sur des cellules Vero, cellules Caco-2, C5-O, HepG2 et leucocytes humains. La LP et/ou la BT ont protégé les cellules Caco-2 par inhibition de la fragmentation d’ADN et la réduction de l’activité enzymatique de la caspase-3 dans les cellules Caco-2 traitées à la ZEN et à l’AFB1. L’étude in vivo a confirmé la toxicité de l’AFM1 qui est un métabolite de l’AFB1 sur les déférents paramètres biologiques testés. Au niveau du foie et des reins, le déclenchement du stress oxydatif ainsi que les altérations histologiques font des preuves de l’hépatotoxicité et de la néphrotoxicité de l’AFM1 chez les souris. Cette toxine a montré de plus un effet immunotoxique par la diminution de la viabilité des splénocytes et des thymocytes ainsi que des modifications de la réponse immunitaire cellulaire et humorale chez la souris. Il en ressort également que la fonction reproductrice a été touchée par l’AFB1 et la ZEN qui se sont avérée capable d’altérer la spermatogenèse. Le co-traitement par les différentes mycotoxines et la BT et/ou la LAB a pu réduire les effets toxiques enregistré chez la souris.En guise de conclusion, la LAB et/ou la BT peut être considéré comme deux candidats dans la biotechnologie de détoxification des aliments contaminés par les mycotoxines dans les fermes d’élevage bovin et l’industrie agro-alimentaire.