Thèse soutenue

Diversification végétale intra-parcellaire et régulation biologique des pucerons des céréales, vecteurs du virus de la jaunisse nanisante de l'orge

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Auteur / Autrice : Sarah Grauby
Direction : Alexander WezelAurélie Ferrer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Agro-écologie
Date : Soutenance le 03/05/2023
Etablissement(s) : Paris, AgroParisTech
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Agroécologie et environnement (AGE) - AgroParisTech (France ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Arnaud Ameline
Examinateurs / Examinatrices : Joan Van Baaren, Bruno Jaloux, Alexandra Magro
Rapporteurs / Rapporteuses : Joan Van Baaren, Bruno Jaloux

Résumé

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L'évolution des pratiques de protection des cultures vers une plus grande durabilité notamment environnementale et économique est un enjeu majeur pour la transition agroécologique des systèmes de culture. Parmi les bioagresseurs, les pucerons sont des ravageurs qui peuvent entrainer des pertes de rendement importantes, par action directe ou indirecte en étant vecteurs de maladies virales. C'est le cas des pucerons des céréales, vecteurs du virus de la jaunisse nanisante de l'orge (Barley yellow dwarf virus - BYDV). Les pucerons colonisent et infectent les céréales d'hiver dès leur levée en automne et se maintiennent pendant l'hiver si les températures restent clémentes. Les leviers pour limiter le développement de leurs populations en automne-hiver sont peu nombreux, notamment en agriculture biologique où le levier du semis tardif voit son efficacité diminuer avec la plus grande fréquence d'hivers doux. Au printemps, les pucerons peuvent également provoquer des dégâts significatifs si leurs populations sont importantes.Cette thèse s'est intéressée à un levier prometteur pour diminuer les populations de ravageurs : l'augmentation de la diversité végétale intra-parcellaire. Nos travaux ont testé le potentiel de la diversification intra-spécifique (mix de variétés d'orge d'hiver), inter-spécifique (orge associé à un couvert de différentes espèces de trèfle) et de la combinaison des deux types de diversification pour : i) diminuer les populations de pucerons (ailés, aptères) et la prévalence de la jaunisse nanisante de l'orge (JNO) en automne-hiver, et ii) diminuer les populations de pucerons et augmenter celles de leurs ennemis naturels au printemps.Des expérimentations ont été mises en place sur dix parcelles d'agriculteurs, conduites en agriculture biologique sur les campagnes 2019-2020 et 2020-2021 en Rhône-Alpes. Sur ces parcelles, les populations des différentes espèces de pucerons des céréales, la prévalence de la JNO, les populations de prédateurs terrestres et d'ennemis foliaires des pucerons ont été suivies ainsi que le développement du couvert végétal et le rendement de l'orge. Une exploration plus spécifique de l'effet de la diversification inter-spécifique sur le puceron Rhopalosiphum padi et le virus BYDV-PAV a été réalisée en laboratoire.La diversification intra-spécifique n'a pas permis de diminuer les populations de pucerons. Les effets de la diversification inter-spécifique, quant à eux, étaient variables selon la période considérée. En automne-hiver, la pratique n'a pas eu d'effet significatif sur les pucerons ou le virus en parcelles d'agriculteurs, probablement en lien avec un développement du couvert de trèfle limité. En effet, dans nos expériences en laboratoire, pour une densité de semis identique mais un couvert plus développé, le trèfle a permis une diminution des populations de R. padi par plante de près de 21% en abondance et de 6% en occurrence et a modifié la distribution spatiale des colonies issues des pucerons ailés. Au printemps, en parcelles d'agriculteurs, les populations de certaines espèces de pucerons des céréales ont été diminuées en présence de trèfle (R. padi et Metopolophium dirhodum) et l'activité-densité de certains arthropodes du sol a été augmentée (carabes, lycosidae et staphylins), au contraire des populations d'ennemis foliaires (parasitoïdes et syrphes). La combinaison des deux types de diversification a montré un léger effet significatif pour diminuer l'occurrence par plante des pucerons des céréales en automne-hiver.Parmi les types de diversification végétale intra-parcellaire testés, la diversification inter-spécifique apparait donc comme la plus prometteuse pour la régulation des pucerons des céréales, malgré une diminution du rendement de l'orge d'environ 15% causé par l'association. De futurs travaux devraient ainsi chercher à optimiser la pratique pour en augmenter les effets sur le ravageur ainsi que sur ses ennemis naturels tout en limitant la perte de rendement.