Modélisation du carbone organique du sol : estimation des changements d'apport de carbone nécessaires pour atteindre des objectifs politiques d’augmentation des stocks de carbone organique du sol
Auteur / Autrice : | Elisa Bruni |
Direction : | Claire Chenu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'environnement |
Date : | Soutenance le 28/03/2022 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Référent : AgroParisTech (France ; 2007-....) |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….) | |
Laboratoire : Écologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes (2014-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Sébastien Barot |
Examinateurs / Examinatrices : Axel Don, Stefano Manzoni, Emanuele Lugato, Patricia Garnier, Bertrand Guenet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Axel Don, Isabelle Basile-Doelsch |
Mots clés
Résumé
Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) provoquent un changement climatique irréversible. L'Union Européenne (UE) s'est engagée à diminuer fortement ses émissions de GES. Cependant, pour atteindre la neutralité carbone (C) d'ici 2050, elle devra également séquestrer du C atmosphérique dans des puits naturels, tels que les sols. Pour compenser partiellement les émissions de CO2, l'initiative 4 pour 1000 a proposé en 2015 un objectif d'augmentation annuelle de 4‰ des stocks de carbone organique du sol (COS) dans les 30-40 premiers cm de profondeur du sol. Pourtant, la faisabilité d'une telle augmentation fait l'objet de débats car elle pourrait nécessiter des changements substantiels et rapides dans les pratiques agricoles qui seraient difficiles à mettre en œuvre. Le moyen le plus efficace pour accroître les stocks de COS est d'augmenter l'apport de C dans le sol. Les modèles basés sur les processus biogéochimiques peuvent simuler la dynamique du COS et sont de plus en plus utilisés pour aider les décideurs dans leurs politiques d'atténuation du COS. Cependant, malgré les nombreux modèles disponibles pour décrire la dynamique du COS, les simulations sont encore peu fiables. En effet, les incertitudes ne proviennent pas seulement de la structure mécaniste des modèles et des processus qu’ils prennent en compte, mais aussi des données utilisées en entrée et des valeurs des paramètres.L'objectif de cette thèse est d'estimer l'apport de C nécessaire pour augmenter annuellement les stocks de COS de 4‰ dans les terres cultivées européennes. Pour cela, nous avons construit une modélisation inverse et l'avons appliquée à un ensemble multi-modèle. Nous avons ainsi évalué les incertitudes dans les estimations des entrées de C selon différentes représentations de la dynamique du COS. Ensuite, pour améliorer la simulation des stocks de COS, nous avons testé une nouvelle paramétrisation issue de dérivée statistiques.Afin de fournir un premier aperçu aux décideurs politiques, nous avons généré des cartes de l'apport de C nécessaire pour atteindre l'objectif de 4‰ dans l'ensemble des terres cultivées européennes, et ce, pour deux scénarios de changement climatique.Notre étude a démontré qu'il existe des incertitudes substantielles autour de l'apport de C nécessaire. Cependant, un profil général émerge, où atteindre un objectif d'augmentation de 4‰ du stock de COS à l'échelle des terres cultivées européennes semble réalisable pour les scénarios futurs de changement climatique seulement via des augmentations drastiques de d'apport de C. En particulier, un apport de C plus élevé est nécessaire en Europe du Nord, tandis qu’en Europe du Sud les incertitudes sont plus élevées. La grande variabilité dans les simulations d'apport de C nécessaires à l’objectif 4‰ souligne l'avantage d'utiliser des ensembles multi-modèles, afin de prendre en compte la gamme d'incertitudes liées à leurs différentes structures mécanistiques. Cependant, les ensembles multi-modèles ont encore tendance à sous-estimer l'apport de C nécessaire pour augmenter les stocks de COS. Des progrès importants doivent donc encore être faits pour améliorer les simulations des modèles, en particulier pour saisir l'effet d'un apport supplémentaire de C sur l'accumulation de COS. A l'échelle locale, la calibration des paramètres des modèles a été nécessaire pour simuler les variations observées des stocks de COS. Lorsque le suivi à long terme du stock de COS n'est pas disponible, il est nécessaire d'améliorer les techniques de paramétrisation. La calibration que nous avons proposée à l'échelle européenne a amélioré la simulation des stocks de COS de la première année mais a augmenté la divergence des stocks de COS prédits par les modèles. De futurs travaux se concentrant sur la réduction des incertitudes des modèles afin de fournir des prédictions fiables des variations futures des stocks de COS et des processus associés sont donc essentiels.