Des conseillers pour protéger la nature : Analyse socio-historique de la constitution et de l’évolution de l’action publique en matière de protection de la nature
Auteur / Autrice : | Pierre Chassé |
Direction : | Nathalie Frascaria Lacoste, Cécile Blatrix |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 17/12/2021 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | référent : AgroParisTech (France ; 2007-....) |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....) | |
Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Bonneuil |
Examinateurs / Examinatrices : Cécile Blatrix, Gabrielle Bouleau, François Sarrazin, Isabelle Mauz, Patrick Hassenteufel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Gabrielle Bouleau, François Sarrazin |
Résumé
Parmi les principales évolutions de la protection de la nature en France, un certain nombre d’auteurs identifient l’émergence des politiques publiques de conservation de la biodiversité dans les années 1990 comme une véritable rupture dans les modalités d’action publique en la matière. Les effets induits par les réformes entamées depuis cette décennie furent interprétés aussi bien comme une technicisation voire une néo-managérialisation du vivant que comme l’avènement d’une approche plus dynamique et intégrée des anciennes politiques de protection de la nature. A travers une analyse sur le temps long, nous souhaitions réinterroger la nature et l’ampleur des changements qui se sont opérés au fil du temps sur cette politique publique.Depuis le XXème siècle et jusqu’à aujourd’hui, de nombreux textes nationaux et européens se sont succédés pour créer des dispositifs visant à prendre en charge le problème de protection de la nature. Ces instruments sont l’aboutissement de revendications portées par un certain nombre d’acteurs et reflètent les préoccupations et cadrages particuliers de chaque époque pour la protection de la nature. Nous souhaitions nous focaliser sur les revendications, modalités d’action et stratégies d’un groupe d’acteurs en particulier, celui des scientifique et experts naturalistes.Déjà en germe depuis la fin du XIXème siècle, la prise en charge par les pouvoirs publics de la dimension biologique de la protection de la nature s’institutionnalise à partir de 1946 avec la création du Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN). La thèse s’intéresse à la genèse de cette instance consultative encore peu étudiée, et qui fut chargée de proposer une législation et de mettre en œuvre une politique de création de parcs nationaux et de réserves naturelles.L’analyse de son activité et des acteurs qui l’ont portée fournit de nouveaux éclairages sur l’institutionnalisation du problème de protection de la nature mais aussi sur les évolutions plus récentes de la politique publique de conservation de la biodiversité.L’étude de la manière dont le CNPN s’est saisi de cette question et de ses missions est d’autant plus intéressante que l’historiographie classique fait bien souvent commencer les préoccupations environnementales au début des années 1960. Témoin précoce de certaines préoccupations environnementales, ce conseil, composé en grande partie d’experts naturalistes, constitue une institution clé pour comprendre le rôle croissant des connaissances scientifiques dans la conduite de l’action publique en matière de protection de la nature.L’analyse de l’émergence et de la consolidation de cette institution permet également de saisir sur le temps long les conditions d’élaboration et de mise en œuvre du dispositif des « réserves naturelles » dont la création constitue la mission centrale du CNPN. L’étude de l’activité du conseil en la matière nous a permis de suivre l’évolution des rationalités qui fondent la protection des milieux naturels.L’analyse combinée de l’évolution des connaissances et idées, du paysage institutionnel, et des instruments déployés, permet ainsi de contribuer aux débats sur la place de l’expertise dans l’action publique ; elle donne un éclairage nouveau quant à la réalité des changements induits par le concept de biodiversité.En mobilisant les concepts de l’écologie et les outils méthodologiques de la sociologie des problèmes publics et de l’étude des sciences et des techniques, la thèse mobilise une approche interdisciplinaire qui permet d’identifier, pour chacune des grandes périodes analysées, la diversité des cadrages existants sur le problème, les solutions qui lui sont associées et les différentes ressources à disposition des acteurs pour imposer et mettre en œuvre leur vision de la politique publique de protection de la nature.