Thèse soutenue

Enseignement explicite de l’écrit au CP : compte-rendu d’expérimentation pédagogique d’une méthode d’enseignement explicite de la langue écrite via un programme de formation, d’accompagnement et de suivi des enseignements dans le cadre de la prévention de l’illettrisme : une étude au CP dans le contexte guadeloupéen

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Auteur / Autrice : Ketty Suzin
Direction : Bertrand TroadecSteve Bissonnette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 04/11/2021
Etablissement(s) : Antilles en cotutelle avec Université TÉLUQ
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieu insulaire tropical : dynamiques de développement, sociétés, patrimoine et culture dans l'espace Caraïbes-Amériques (Pointe-à-Pitre)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches et de ressources en éducation et formation (Les Abymes, Guadeloupe)
Institut : Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education de l'académie de la Martinique
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Troadec, Steve Bissonnette, Liliane Sprenger-Charolles, Aurélie Simoës-Perlant, Yann Lhoste
Rapporteurs / Rapporteuses : Liliane Sprenger-Charolles, Aurélie Simoës-Perlant

Résumé

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Selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), l’illettrisme touche 25% de la population des 16-65 ans en Guadeloupe (enquête IVQ ; Mouty, 2010). La Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) indique que 30% de jeunes de 17 ans en Guadeloupe, Martinique et Guyane sont en difficulté de lecture (test JDC 2014 et 2017 ; Vourc’h, Rivière, De La Haye, Gombert, 2015 ; Chabanon, Rivière, De La Haye, Gombert, 2018). L’Observatoire National de la Lecture (ONL, 2005) déclare qu’en France, 20 à 25% des élèves quittent l’école élémentaire avec une mauvaise maîtrise de l’écrit. Les élèves les plus fragiles sont à risque de décrochage scolaire dès l’école primaire (Bonnéry, 2007). De nombreux décrocheurs ont été maintenus au CP et/ou ont rencontré des difficultés à apprendre à lire et écrire (Douat, 2012 ; cité par Feyfant, 2012). Pourtant, les travaux de Clanet et Talbot (2012) montrent qu’aujourd’hui, les pratiques d’enseignement au primaire sont largement tournées vers une prise en compte des élèves les plus faibles. On peut donc s’interroger sur la nature des activités didactiques et pédagogiques proposées aux élèves en difficulté et se demander si elles sont les plus efficaces ?L’étude 3 met en évidence l’évolution de l’estime de soi de l’ensemble des élèves du groupe expérimental et des élèves en difficulté. Le groupe expérimental (GE) est comparé à un groupe contrôle (GC), composé de 50 élèves qui n’ont pas bénéficié du dispositif d’enseignement explicite. Les résultats montrent une évolution positive de l’estime de soi chez l’ensemble des participants (GE, GC et élèves du GE repérés en difficulté), une marge de progression plus importante dans le GE que dans le GC, mais ces résultats ne sont pas significatifs. Cependant, on observe qu’au sein du GE, les élèves sortis de la difficulté scolaire présentent une estime de soi plus valorisante à la fin qu’au début de l’expérimentation. Ceux qui demeurent en difficulté sont plus nombreux à adopter une estime de soi dévalorisante. Ces résultats tendent à montrer que les élèves en difficulté opèrent au cours de l’année, une évaluation plus réaliste de leurs compétences scolaires et qu’une estime de soi valorisante semble se développer grâce à leur réussite.L’étude 4 teste la qualité du dispositif de formation par l’accompagnement et le suivi sur le terrain. L’analyse qualitative des données met en exergue la satisfaction des enseignants. Le programme de formation répond à leurs attentes et leur permet de progresser dans la pratique de l’enseignement explicite de l’écrit ainsi que dans la gestion de la classe. Cette expérience a également des conséquences positives sur l’enseignement des autres disciplines. Une nouvelle posture s’installe et perdure au-delà de l’expérimentation, grâce au sentiment d’une meilleure expertise développé chez les enseignants.Cette recherche menée sur un faible échantillon, montre que de façon micro locale, des solutions peuvent être apportées au grand défi national qu’est la prévention de l’illettrisme par la maîtrise de l’écrit. Le dispositif d’accompagnement pédagogique et les démarches de l’enseignement explicite qu’elle propose sont efficaces et viennent enrichir le champ des possibles. Ils constituent une alternative pour accompagner et suivre les enseignants sur le terrain, dans l’objectif d’améliorer leurs pratiques pédagogiques au bénéfice de la réussite de tous les élèves.