Influence du paysage et de la parcelle sur les diversités de carabes et d’autres arthropodes en céréales et prairies permanentes
Auteur / Autrice : | Damien Massaloux |
Direction : | Alexander Wezel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Écologie |
Date : | Soutenance le 22/06/2020 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Agroécologie et environnement (Lyon ; 19..-....) - AgroParisTech (France ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Marc Deconchat |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Deconchat, Pierre-Henri Gouyon, Davide Rizzo, Stéphanie Aviron | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marc Deconchat, Pierre-Henri Gouyon |
Résumé
La biodiversité connaît un déclin préoccupant à l’échelle mondiale, les modifications et dégradations des habitats en demeurent l’une des causes principales. En Europe, la perte de biodiversité est étroitement liée à l’intensification de l’agriculture, qui a conduit à la simplification des paysages. En a résulté l’homogénéisation des paysages, où une faible diversité de cultures domine, ainsi qu’un agrandissement des parcelles. Les éléments naturels et semi-naturels, tels que les haies, les bandes enherbées ou les bosquets, furent retirés, alors que les prairies permanentes furent mises en culture ou abandonnées. Les prairies sont pourtant essentielles pour la biodiversité auxiliaire, car elles abritent et favorisent des espèces qui peuvent fournir lutte biologique et pollinisation à l’agriculture. Cette thèse propose donc de distinguer les influences de la parcelle, locale, et du paysage sur les communautés d’arthropodes de prairies permanentes et de cultures céréalières avoisinantes.Nous avons échantillonné des arthropodes d’appariement de céréales et prairies voisines, afin de comparer les effets de paramètres locaux et paysagers sur les biodiversités de ces deux couvertures du sol typiques des paysages agricoles. Nous avons mené ces travaux dans trois territoires différents, tous situés en Auvergne Rhône-Alpes. Chaque territoire était représentatif d’un gradient d’équilibre différent entre les couvertures en cultures annuelles et prairies permanentes. Notre intérêt s’est principalement porté sur les carabes, bien que nous ayons aussi étudié, dans une moindre mesure, les araignées ainsi que des pollinisateurs volants tels que les syrphes et les chrysopes. Les paramètres paysagers ont été établis à partir d’un recensement manuel de toutes les couvertures du sol, cultivées ou naturelles, ainsi que des éléments linéaires dans un rayon de 500 m autour de chaque site échantillonné.Les assemblages de carabes dans les prairies et céréales étaient très distincts, même s’ils ont présenté plus de similarités quand ils étaient plus proches, dans des parcelles distantes jusqu‘à 4 km l’une de l’autre. L’activité-densité des carabes était supérieure dans les territoires où la couverture globale en prairies permanentes était plus importante. Dans les prairies, nous avons trouvé une plus grande richesse spécifique dans des contextes paysager plus diversifiés, à l’exception du territoire fortement dominé par des prairies. Nos analyses n’ont pas mis en évidence d’effet du paysage sur la richesse spécifique des carabes dans les céréales. Par ailleurs, la richesse spécifique commune aux deux couvertures du sol était plus importante dans des contextes paysagers où céréales et prairies partageaient plus de bordures ensemble. Bien que le type de couverture du sol fût un facteur majeur dans la détermination des traits de vie des carabes, les paramètres paysagers eurent aussi leur importance. Ainsi, les espèces polyphages furent les plus sensibles d’être échantillonnées à la fois dans des prairie et céréale appariées. Les espèces phytophages ont ainsi été très souvent exclusivement échantillonnées dans les prairies, alors que les prédatrices l’étaient dans les céréales.Concernant les autres arthropodes, nous avons observé une plus grande richesse en familles d’araignées dans les prairies, bien qu’elles présentassent plus d’individus dans les céréales. Le nombre de syrphes et de chrysopes échantillonnés était plus important dans les céréales, et négativement influencé par la couverture paysagère en prairies.Notre thèse indique qu’il serait utile de préserver et restaurer une mosaïque de prairies permanentes dans les paysages agricoles diversifiés. Les prairies peuvent en effet améliorer la diversité auxiliaire des arthropodes et procurer des ressources complémentaires à leurs communautés.