Thèse soutenue

Références spatiales dans la communication multimodale : Une étude inter-langue et développementale sur l’expression verbale et gestuelle du « mouvement » dans des récits parlés en persan et en azéri

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Elnaz Jalilian
Direction : Jean-Marc Colletta
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage Spécialité Linguistique Sociolinguistique et Acquisition du langage
Date : Soutenance le 01/10/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Chevrot
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pascal Simon, Kristine Lund
Rapporteurs / Rapporteuses : Mehmet-Ali Akıncı, Heather Brookes

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

L’objectif de cette thèse est d’étudier l’expression verbale et gestuelle d’une catégorie de mouvement qui ne concerne que le déplacement et ceci au travers de trois éléments conceptuels du mouvement : la trajectoire, la manière et la cause. Le cadre théorique réunit la typologie des langues à cadrage verbale contre satellitaire proposée par Talmy (2000), et la conception de l’interaction geste-parole en tant qu’un système de production multimodale qui sont étroitement liées. L’étude observe comment les Persans et les Azéris, enfant et adultes représentent le mouvement dans la parole et la gestualité pendant la narration d’un récit. Notre corpus comporte 112 participants (56 dans chaque langue) et divisé en 4 groupes d’âge : enfants de 6 et de 10 ans, adolescents de 14 ans et adultes. Nous avons demandé à nos participants de regarder un dessin animé contenant plusieurs scènes de mouvement et ensuite de nous raconter ce qui s’est passé.Bien que les Persans et les Azéris ont à la fois des similitudes et des différences au niveau de l’expression du mouvement, leur gestualité est très similaire avec une forte préférence à exprimer la trajectoire. Cette préférence a également été observé au niveau de la verbalisation du récit. Malgré le fait que le lexique persan possède très peu de verbes bidimensionnels de trajectoire-et-manière, certains verbes en persan ont le potentiel d’être accompagnés avec un satellite directionnel qui s’ajoute au verbe ; ce potentiel ouvre la possibilité d’encodage bidimensionnels de trajectoire-et-manière dans la structure verbale surtout dans les énoncés oraux. La langue azérie à son tour, étant en contact et sous l’influence du persan, montre le même potentiel, quoique à un certain degré inférieur au persan. En revanche les azéris ont plus de tendance à produire les verbes unidimensionnels de mouvement. Au niveau gestuel, les locuteurs des deux langues ont tendance à indiquer séparément les dimensions du mouvement en produisant des gestes unidimensionnels.L’observation des productions verbales des enfants plus jeunes nous a montré que les enfants adoptent très tôt des schémas verbaux spécifiques de leur langue. L’âge favorise la tendance à indiquer la trajectoire chez les locuteurs des deux langues ; Seulement chez les persans, dans le développement langagier, l'âge favorise l’expression des deux dimensions du mouvement. De la même façon la tendance à indiquer la trajectoire par le geste, augmente avec l’âge. Mais cette augmentation est temporaire et commence à diminuer à l’âge de l’adolescence dans les deux langues. Avec l’âge, les locuteurs adoptent plutôt un point de vue d’observateur qui favorise l’expression de la trajectoire, et en conséquence l’indication de la manière diminue chez les adultes.Nos résultats suggèrent que la coexpressivité est le cas le plus fréquent dans la relation geste-parole et augmente avec l’âge de manière non continue ; mais nous avons également observé le rôle compensatoire du geste en cas de l’absence de la trajectoire dans la verbalisation, ce qui également augmente avec l’âge.