Genetic control of susceptibility to Zika virus in the mouse using strains of the Collaborative Cross
Auteur / Autrice : | Caroline Manet |
Direction : | Xavier Montagutelli |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de la vie et de la santé |
Date : | Soutenance le 09/12/2019 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pasteur (Paris). Génétique de la souris (2017-....) - AgroParisTech (France ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Christine Dillmann |
Examinateurs / Examinatrices : Xavier Montagutelli, Christine Dillmann, Sabine Riffault, Klaus Schughart, Aurore Vidy, Nolwenn Jouvenet | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sabine Riffault, Klaus Schughart |
Résumé
Zika est un Flavivirus émergent transmis à l’Homme par piqûre de moustique. Il a récemment été à l’origine d’épidémies d’envergure mondiale et représente une menace pour la santé publique. L’infection Zika est souvent asymptomatique ou engendre un syndrome grippal bénin. Cependant, des complications sévères ont été associées au virus Zika, telles qu’un syndrome de Guillain-Barré ou des encéphalites chez l’adulte, ainsi que des malformations congénitales comme la microcéphalie. De nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer la sensibilité d’un individu au virus Zika, y compris les variants génétiques de l’hôte.Nous avons étudié le rôle des facteurs génétiques de l’hôte dans sa sensibilité à l’infection par le virus Zika. Pour cela, nous avons utilisé des lignées de souris du Collaborative Cross (CC), une population génétique de référence caractérisée par une diversité génétique aussi vaste que celle des populations humaines.Nous avons d’abord montré que le fond génétique de souris déficientes pour le gène du récepteur à l’interféron de type I (Ifnar1) joue un rôle drastique dans leur sensibilité au virus Zika. La diversité génétique des souris CC, préalablement traitées par un anticorps bloquant le récepteur IFNAR, s’exprime par des phénotypes allant d’une résistance complète jusqu’à des formes sévères de la maladie. L’influence des facteurs génétiques de l’hôte s’exerce sur de nombreux paramètres tels que la virémie, la charge virale et les lésions pathologiques dans le cerveau, et enfin le taux de réplication dans les cellules infectées. Les différences de sensibilité entre lignées CC s’avèrent corrélées entre les Flavivirus Zika, Dengue et West-Nile. Nos analyses génétiques ont montré que de multiples gènes à effets faibles sous-tendent ces variations phénotypiques, reflétant la complexité de la sensibilité au virus Zika dans les populations humaines, et permettent d’exclure un rôle majeur du facteur de résistance Oas1b.Nous avons ensuite cherché des gènes agissant comme modificateurs de la sensibilité chez des souris déficientes pour le gène Ifnar1 dans un croisement F2 entre des souris C57BL/6J et 129S2/SvPas portant la mutation. L’analyse génétique a permis l’identification de deux QTLs (Quantitative Trait Locus), l’un contrôlant le pic de virémie et l’autre la survie. Une étude bio-informatique nous a permis d’identifier quelques gènes candidats.Nous avons également étudié comment les facteurs génétiques de l’hôte impactent la réplication virale dans des fibroblastes embryonnaires murins (MEFs) dérivés d’une série de lignées de souris présentant des phénotypes contrastés en réponse à l’infection Zika. Nous avons identifié une augmentation de la réplication virale tardive dans les MEFs de la lignée CC071, résultant d’un retard à l’activation de la réponse interféron (IFN). Des analyses génétique et transcriptomique ont exclus des déficiences causées par des gènes uniques et ont favorisé l’hypothèse d’une combinatoire de gènes exerçant des effets faibles dans la voie d’induction de la réponse IFN.Pour finir, nous avons caractérisé la réponse IFN induite par le virus Zika dans des neurones primaires murins. Cette étude a montré que la capacité des neurones primaires à limiter la réplication virale est moindre que celle des MEFs en raison d’un retard à l’induction de la réponse IFN. Enfin, les facteurs génétiques de l’hôte exercent un rôle critique dans ce contexte puisque les neurones primaires de CC071 présentent un phénotype extrême par comparaison avec des lignées plus résistantes.Notre travail a mis en évidence le rôle des facteurs génétiques de l’hôte dans la pathogénie de l’infection Zika et illustre le potentiel des souris CC dans des études génétiques aussi bien qu’en tant que nouveaux modèles d’infection. Une analyse poussée des lignées aux phénotypes extrêmes permettra d’élucider les mécanismes génétiques de la sensibilité au virus Zika et améliorera notre compréhension de la maladie chez l’Homme.