Les indicateurs de biodiversité entre connaissances et actions : impasses, détours ou raccourcis pour les stratégies environnementales ?
Auteur / Autrice : | Suzanne Rabaud |
Direction : | Laurent Mermet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Soutenance le 15/02/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, AgroParisTech |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre international de recherche sur l'environnement et le développement |
Jury : | Président / Présidente : Serge Muller |
Examinateurs / Examinatrices : Serge Muller, Isabelle Mauz, John Thompson, Gabrielle Bouleau, Audrey Coreau | |
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle Mauz, John Thompson |
Résumé
Depuis une vingtaine d'années, une multitude d’indicateurs de biodiversité sont utilisés à toutes les échelles de l'action publique. Dans cette thèse, qui s’appuie sur une analyse stratégique des indicateurs et sur quatre études de cas, nous essayons de comprendre le rôle stratégique joué par les indicateurs à l'interface entre connaissances et actions, et d’accompagner les acteurs qui les conçoivent dans leur réflexion pour une action plus efficace en faveur de l'environnement.Les indicateurs de biodiversité que nous avons étudiés peuvent contribuer, pour les acteurs qui portent des enjeux de biodiversité, aussi bien à des stratégies d'intervention sur le système d'action, de manière à ce que la prise en charge de la biodiversité soit améliorée, qu'à des stratégies de positionnement pour modifier les relations de pouvoir et les rendre plus favorables à ces acteurs. Dans un contexte qui tend à favoriser l'expertise scientifique plus que l'action militante, les indicateurs de biodiversité s'insèrent souvent dans des stratégies efficaces pour jouer sur une forme de déconnexion temporaire entre connaissances et actions et améliorer le positionnement des acteurs d'environnement. L'intérêt spécifique des indicateurs repose ainsi en partie sur leur potentiel à simultanément connecter et déconnecter connaissances et actions en fonction des besoins stratégiques des acteurs. Par ailleurs, les concepteurs d'indicateurs sont confrontés à un double enjeu : proposer des indicateurs qui s'insèrent dans le système d'action existant, mais aussi qui aient le potentiel de modifier ce système d'action, par exemple en apportant de nouvelles conceptions de la biodiversité, de nouvelles règles, de nouvelles relations de pouvoir, etc. Les acteurs cherchent donc à anticiper les développements futurs du système d'action. Dans ce travail, la mobilisation des travaux sur la négociation permet non seulement de clarifier les perspectives possibles pour les acteurs mais aussi de comprendre le fonctionnement du système d'action. Plus généralement, l'analyse stratégique des indicateurs développée dans cette thèse, conduite dans une perspective inspirée des sciences de gestion, est complémentaire des travaux de sociologie et sciences politiques sur les instruments, et les indicateurs en particulier. Elle éclaire de nouvelles facettes de la contribution des indicateurs à l'action en faveur de la biodiversité.