Les différentes dimensions impliquées dans la perception de perméabilité des frontières intergroupes : identifier les antécédents et comprendre leurs conséquences
Auteur / Autrice : | Lea Klopp |
Direction : | David Bourguignon, Pierre Bouchat |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 13/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | SLTC - SOCIETES, LANGAGES, TEMPS, CONNAISSANCES |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : PErSEUs - Psychologie Ergonomique et Sociale pour l'Expérience Utilisateurs |
Mots clés
Résumé
Selon la théorie de l'identité sociale (Tajfel et Turner, 1979), nous sommes tous et toutes à la recherche d'une identité socialement valorisée. Cependant, lorsque l'on appartient à un groupe stigmatisé, cet objectif est plus laborieux à atteindre. Rarement passifs face à l'adversité, les membres de groupes stigmatisés tentent de réhausser leur identité par le biais de divers comportements qui seraient fonctions des caractéristiques dites structurelles des groupes sociaux, et notamment de la perception qu'ont les membres de la perméabilité des frontières. Son rôle décisif dans le choix des stratégies déployées par les individus possédant une identité négative a déjà été mis en avant dans de nombreuses recherches (Ellemers, 1993). En psychologie sociale, ce concept renvoie à la mesure dans laquelle les membres du groupe peuvent quitter un groupe et en rejoindre un autre (Tajfel et Turner, 1979). Mais alors que la perméabilité des frontières est décrite par de nombreux théoriciens comme se situant sur un continuum, la plupart des recherches se focalisent sur une vision dichotomique (Wright, 1997). En réalité, les frontières intergroupes sont souvent restrictives, ne permettant qu'à un petit nombre d'individus désavantagés de se faire une place dans le groupe valorisé. En faisant écho à une lignée de recherches distinguant la perception de discrimination individuelle et groupale, Bourguignon et Herman (2007) ont découvert que cette distinction existe également pour ce concept. Plus récemment, Armenta et al. (2017) apportent une nouvelle distinction en opposant la notion d'appartenance (capacité à changer physiquement de groupe d'appartenance) et de statut (capacité à accéder aux mêmes positions, aux mêmes ressources et/ou aux mêmes droits que le groupe avantagé). Ces réflexions offrent une toute nouvelle perspective de la perméabilité des frontières intergroupes, pouvant apporter une meilleure compréhension de la réaction des groupes désavantagés face à l'inégalité dont elle est une variable explicative majeure. Malgré une société prônant le mérite individuel et la diversité, il n'en reste pas moins que la discrimination est toujours présente même si elle se manifeste plus subtilement qu'auparavant (Richard et Wright, 2010) et ce, notamment dans le monde professionnel. Le contexte actuel est marqué par une augmentation de la précarité de l'emploi et des avantages qui y sont associés, surtout pour celles et ceux possédant des attributs stigmatisants. Aujourd'hui, nombre d'études visent à identifier et comprendre les réponses émises par ce public mais elles sont encore loin d'arriver à un consensus concernant les raisons qui les sous-tendent. C'est notamment le cas pour la perméabilité des frontières, dont les différences intergroupes (entre groupes stigmatisés) n'ont pas fait l'objet d'une vaste littérature, malgré son rôle clé. Alors que les études sur le tokenisme n'identifient pas la perception qu'ont les individus de cette situation et que celle d'Armenta et al. (2017) ne se focalisent pas sur ce concept, nous souhaitons arriver à une meilleure compréhension des différentes dimensions qui le compose et des conséquences qui en découlent. Dans un premier temps, nous souhaitons créer une échelle permettant l'évaluation de la perception des frontières intergroupes afin de mettre en avant les différences intergroupes existantes (axe 1). Dans un second temps, nous focaliserons notre attention sur différentes situations de perméabilité des frontières, afin de démontrer comment ces dernières influencent la perception qui en est faite et si elle varie selon les groupes étudiés (axe 2). La présence de structures factorielles différentes selon les situations et les groupes permettrait d'arriver à une meilleure compréhension des mécanismes sous-tendant les comportements émis ainsi que l'impact sur le bien-être (axe 3).