Thèse en cours

L'objet des mathématiques comme 'intention' : actualité de la position réaliste et constructiviste dans l'œuvre de Thomas d'Aquin

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Auteur / Autrice : Daniel Usma gomez
Direction : Andrew AranaPaul Clavier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 06/09/2022
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : SLTC - SOCIETES, LANGAGES, TEMPS, CONNAISSANCES
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AHP-PReST - Archives Henri Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies

Résumé

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Ce travail cherche à reconstituer la philosophie des mathématiques de Thomas d'Aquin et, plus précisément, celles qui seraient ses réponses à ce que les contemporains nomment « problème de Platon » et « problème de l'accès », versants ontologique et épistémologique de la philosophie des mathématiques en général. Les objets des mathématiques (nombres, figures, etc.) surviennent-ils à l'activité mathématique ou, au contraire, préexistent-ils cette activité ? Les attitudes par défaut face à ces questions sont, d'une part, un réalisme platonicien pour qui les objets des mathématiques existent platoniquement, séparément et indépendamment du monde sensible et de nos capacités cognitives ; d'autre part, des antiréalismes pour lesquels la question de l'existence réelle des objets des mathématiques est dépourvue de sens, la vraie question étant celle sur les procédures méthodologiques par lesquelles on invente ces objets qui ne sont rien d'autre que des façons de décrire le monde (constructivisme). Présentées habituellement comme exclusives, ces attitudes le sont-elles nécessairement pour autant ? À ce propos, la philosophie des mathématiques de Thomas semble avoir été un précurseur de ce qu'on pourrait qualifier de « réalisme du constructivisme ». S'il est correct de dire que Thomas conçoit les objets des mathématiques comme des intentions (l'objet connu en tant que connu), on peut alors envisager une position originale selon laquelle les objets des mathématiques puisent leur « réalité » de la réalité de nos capacités cognitives et du monde connaissable par ces capacités. S'il y a des mathématiques, c'est parce que nous sommes réellement des êtres capables de connaissance. Du point de vue méthodologique, donc, il suit qu'une philosophie des mathématiques gagnerait à être précédée par une philosophie de l'esprit et une théorie de la connaissance adéquate, voire par une anthropologie. On y décèle des éléments anticipant ce qui serait un tournant anthropologique des mathématiques et des sciences en général : la compréhension du mode d'être intentionnel d'un objet mathématique exige une description de ce que fait individuellement et collectivement un mathématicien. De façon plus générale, cette position invite aussi à reconsidérer le statut des mathématiques et le rapport que les autres sciences et disciplines entretiennent avec elles. Puisque l'intention sert aussi à décrire les objets des autres sciences et disciplines, l'objet des mathématiques aurait le même statut que celui des autres sciences ou disciplines. Sa valeur ne lui est plus accordée en raison de l'objectivité suprême de son objet mais en raison du caractère élémentaire de l'activité mathématique par rapport aux autres.