Thèse soutenue

Prédicteurs de l'acquisition du décodage chez les enfants allophones nouvellement arrivés : focus sur les capacités d'apprentissage de paires associées visuelles-verbales

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Auteur / Autrice : Matthieu Bignon
Direction : Séverine CasalisSandrine Mejias
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 25/06/2024
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : SCALab Sciences Cognitives & Sciences Affectives
Jury : Président / Présidente : Xavier Aparicio
Examinateurs / Examinatrices : Monica Melby-Lervåg, Pascal Zesiger
Rapporteurs / Rapporteuses : Xavier Aparicio, Christelle Maillart

Résumé

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L'objectif de cette recherche était de jeter les bases de la création d'outils de détection précoce des difficultés de lecture chez les enfants allophone nouvellement arrivés (EANA) en âge de fréquenter l'école primaire. Nous avons recruté 179 enfants EANA et 259 enfants français, appariés sur la durée de fréquentation de l'école primaire qui ont passé une série de tests cognitivo-linguistiques. Les scores de décodage des scores des enfants EANA étaient inférieurs à ceux des enfants français et présentaient une grande hétérogénéité. Ceux qui avaient commencé à apprendre à lire dans une autre langue, surtout s'il s'agissait d'une orthographe latine, obtenaient des scores plus élevés que les autres. Les plus jeunes avaient des scores plus faibles que les enfants plus âgés. Le fait que les enfants aient été scolarisés avant leur arrivée en France et la famille linguistique des langues parlées (autres que le français) ne présentaient pas d'effet sur les compétences en décodage. Ensuite, nous avons observé que les principaux prédicteurs cognitivo-linguistiques de la lecture (conscience phonologique, dénomination rapide automatisée, mémoire phonologique à court terme et vocabulaire) expliquaient une grande partie de la variance des scores de décodage chez les enfants EANA. Conformément à la littérature antérieure sur l'évaluation du langage oral des apprenants de langues secondes, nous avons souligné l'importance de gérer la distance typologique entre les langues premières et le français, ainsi que le degré d'exposition au français. Dans ce sens, nous avons examiné le pouvoir prédictif d'un test d'apprentissage de paires associées visuelle-verbale (PAL) qui ne devrait pas être biaisé par la quantité d'exposition au français et pour lequel il était possible de créer des items indépendants des propriétés typologiques du français. Les scores de PAL visuelle-verbale était fortement corrélés aux compétences de décodage et présentaient une contribution unique comparable aux autres prédicteurs cognitivo-linguistiques chez les enfants EANA. Chez les enfants français, ils présentaient une corrélation simple modérée avec les compétences de décodage et une faible contribution unique au-delà des autres prédicteurs. Nous avons examiné les mécanismes qui expliquent la relation entre la PAL visuelle-verbale et les compétences de décodage en effectuant une revue systématique de la littérature. La littérature antérieure a montré que les mécanismes d'apprentissage verbal de la PAL visuelle-verbale étaient au cœur de sa relation avec les compétences de décodage, du moins dans les orthographes alphabétiques, et que l'apprentissage d'association cross-modale pouvait également être impliqué, bien que les résultats soient incohérents. Nous avons testé ces composantes dans le sous-échantillon contrôle français de notre première étude et avons montré que l'apprentissage verbal expliquait mieux la relation entre la PAL visuelle-verbale et les compétences de décodage. Selon la littérature, cette relation pourrait être plus forte avec la lecture de mots complexes (mots avec des graphèmes contextuels ou bien des mots irréguliers) qu'avec la lecture de mots simples. Nous avons donc mené une deuxième étude auprès de 186 enfants de première année, mais nous n'avons pas pu confirmer cette hypothèse. Cela suggère, soit qu'il n'y a pas de relation causale entre la PAL visuelle-verbale et les compétences de décodage, soit que l'apprentissage verbal est important pour le décodage en général, quelle que soit la complexité des graphèmes ou la régularité des mots. De futures études longitudinales contrôlant tous les prédicteurs cognitivo-linguistiques sont nécessaires pour dénouer ces résultats inconsistents et déterminer si la PAL visuelle-verbale peut représenter un outil sensible pour détecter les enfants à risque d'échec en lecture, en particulier chez les enfants EANA.