Thèse en cours

Climat motivationnel, émotions et engagement attentionnel de l'élève en EPS

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Auteur / Autrice : Luc Simon
Direction : Benoît BolmontJean-Philippe Hainaut
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Inscription en doctorat le 28/10/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : 2LPN -Laboratoire lorrain de psychologie et neurosciences de la dynamique des comportements

Mots clés

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Résumé

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Les effets bénéfiques de la pratique d'activités physiques sur la santé ont largement été explorés par la littérature scientifique (Aquatias & al., 2008 ; Biddle & Goudas, 2004 ; Guthold, 2018 ; Nolin & al., 2002). Ces effets bénéfiques, aujourd'hui couramment admis, sont notamment mis en avant au sein des recommandations de l'activité physique de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé, 2010). La lutte contre la sédentarité représente un enjeu sanitaire de taille car plus de 80 % des adolescents scolarisés ne respectent pas la recommandation actuelle, qui est de faire au moins une heure d'activité physique par jour (OMS, 2019). De plus, nous savons que l'adulte pratiquera plus facilement dans sa vie quotidienne s'il vit des expériences positives dans les activités physiques durant son enfance (Malina, 1996; Pate et al., 1996; Telama et al., 2005). De ce fait, l'éducation physique et sportive (EPS), en confrontant l'élève à l'activité physique tout au long de sa scolarité, s'impose comme une discipline pionnière de lutte contre la sédentarité (King, 2019). Cependant, l'EPS n'implique pas de façon automatique un engagement de l'élève dans la pratique des activités physiques et sportives (APS) (Travert & Rey, 2018). Un ensemble de conditions se présente comme nécessaire pour que l'élève s'investisse dans l'activité physique à court et/ou à long terme. Parmi ces dernières, le climat motivationnel mis en place par l'enseignant peut influencer l'investissement de l'élève. D'après la théorie de l'autodétermination (Deci & Ryan, 2017), la motivation auto-déterminée favorise l'engagement. La motivation auto-déterminée est atteinte si les trois besoins psychologiques fondamentaux sont satisfaits (besoin d'autonomie, besoin de sentiment de compétence et besoin de sentiment d'appartenance sociale). L'enseignant, à travers son style motivationnel, joue un rôle majeur dans la construction du climat motivationnel en EPS. Ce dernier peut être « empowering » (satisfaction des besoins) ou disempowering (frustration des besoins). Le climat motivationnel va influencer les émotions ressenties par les élèves en EPS (Sarrazin & al., 2006). Or, si la motivation en EPS est un sujet étudié depuis longtemps, les émotions vécues en EPS n'intéressent les chercheurs que depuis une dizaine d'années (Tessier & Mascret, 2016). Pourtant, « les émotions jouent un rôle essentiel pour maintenir l'engagement dans les apprentissages » (Programmes EPS 2015). Nous pouvons alors questionner l'effet du climat motivationnel instauré par l'enseignant sur les émotions ressenties par les élèves. Les émotions peuvent être caractérisées selon leur valence, qui correspond à la « qualité positive ou négative » associée au vécu émotionnel, et selon leur niveau d'activation, qui correspond à la « charge » affective allant de la faible activation à la forte activation (Feldman Barrett & Russel, 1998). Les derniers travaux montrent que les émotions d'activation positive (plaisir, joie) ressenties par les élèves dans les apprentissages ont un effet bénéfique sur leur engagement alors que les émotions d'inactivation négative (ennui, désespoir) ont un effet délétère sur l'engagement des élèves (Tessier & Mascret, 2016). Ces mêmes auteurs soulignent que les émotions d'activation négative (anxiété, colère) ont un effet plus complexe. Par ailleurs, selon la personnalité des sujets, le climat motivationnel instauré par l'enseignant n'aura pas le même effet sur tous les élèves au niveau émotionnel et comportemental (Deci & Ryan, 2017). Dès lors, la personnalité de l'élève est une variable que nous intégrerons à notre réflexion. Il est alors question d'étudier les relations entre le climat motivationnel, les émotions et l'engagement des élèves en EPS. L'engagement des élèves en EPS s'avère être multiforme, « il peut renvoyer à son investissement physique, à sa performance, à son niveau d'attention et d'écoute des consignes, à l'enthousiasme qu'il manifeste en cours, etc » (Escriva-Boulley et al., 2018). Nous nous intéressons particulièrement à l'attention de l'élève, car elle est une condition de l'apprentissage (Saltder, 2015). Par ailleurs, l'attention fait partie des variables cognitives qui ne sont pour l'instant que peu étudiée dans le cadre de la théorie de l'autodétermination (Ryan & Lonsdale, 2020). Le système attentionnel peut se considérer sous 3 composantes, l'intensité, la sélectivité et la supervision attentionnelle (Cohen, 1993 ; Hallez, 2019) qui peuvent révéler le niveau d'engagement de l'élève. Autrement dit, notre capacité à porter notre attention sur un objet dépend de notre niveau d'éveil, de notre capacité à sélectionner des informations parmi les éléments du milieu, et de la quantité de ressources mentales que nous allouons à ces informations (Hallez, 2019). Ainsi, l'élève en EPS va vivre et ressentir diverses émotions qui vont avoir un impact sur son engagement et son attention, conditions d'un apprentissage de qualité et de la réussite de l'élève. L'ensemble de ces études montre des interrelations fortes entre les systèmes motivationnels, émotionnel et attentionnel. De ces interrelations dépendront l'engagement ainsi que la réussite de l'élève en EPS. Ainsi, un climat « empowering » pourrait générer des émotions d'activation positive ce qui permettrait un engagement plus important de l'élève dans l'activité. A l'inverse, un climat « disempowernig » (frustration de besoin) serait source d'émotions négatives qui pourrait mener à un désengagement de l'élève dans l'activité. L'enjeu de ce travail doctoral nous parait particulièrement intéressant car à travers l'étude de ces relations, c'est l'engagement de l'élève dans les activités physiques et sportives à long terme, un des enjeux de santé actuel, que nous abordons.