Thèse en cours

Désindividualiser la notion de connaissance, à la croisée de l'épistémologie sociale et de l'épistémologie computationnelle

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Hugo Rimeur
Direction : Cyrille Imbert
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epistémologie histoire des sciences et techniques
Date : Inscription en doctorat le 23/07/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AHP-PReST - Archives Henri Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies

Résumé

FR  |  
EN

L'objectif de cette thèse est de croiser des champs distincts de l'épistémologie dans lesquels la dimension individualiste de celle-ci est fortement remise en cause afin d'étudier par recoupement comment il convient d'amender les définitions classiques de la connaissance. L'épistémologie s'attache à étudier ce qu'est la connaissance. Elle a surtout été développée dans un cadre individualiste et anthropocentré, dans lequel les individus recherchent et identifient la vérité par leurs propres capacités ou facultés, par exemple chez des auteurs aussi variés que Berkeley, Kant, Locke ou Descartes. Ces dernières décennies ont vu l'accumulation d'indices forts qu'un tel cadre individualiste doit être dépassé, en rapport avec i) la grandissante dimension sociale de la connaissance et ii) sa grandissante dimension computationnelle. La dimension sociale de l'épistémologie est aujourd'hui exacerbée par le développement des moyens de télécommunications. L'épistémologie sociale (de la science) s'attache à étudier cette dimension à travers par exemple les travaux de Lackey, List et Pettit, ou Bird. La dimension computationnelle de la science est plus récente et en continuelle expansion : de plus en plus, les connaissances sont produites en utilisant de façon essentielle des ordinateurs qui dépassent ce que les humains peuvent faire. L'épistémologie computationnelle étudie ces mécanismes et en quel sens leurs résultats demeurent néanmoins des connaissances (voir notamment les travaux de Humphreys ou Imbert). A de très rares exceptions (voir par exemple les travaux de De Millo et Perlis, Symons et Alvarado), ces deux dimensions sociales et computationnelles de l'épistémologie ont jusqu'ici été analysées séparément comme deux défis distincts à l'approche individualiste. L'idée de cette thèse est au contraire d'essayer de les combiner dès le départ. La thèse devra notamment identifier les ressemblances fortes et profondes qui existent entre les deux cadres et posent problème à l'épistémologie individualiste, comme l'apparent besoin d'avoir recours à des agents supra-individuels, le besoin de repenser le rôle de la notion de croyance et d'état mental dans la définition de la connaissance, ou la dépendance épistémique des agents individuels impliqués dans ces procédures de production de la connaissance. Il conviendra d'analyser le statut, la robustesse et la pertinence de ces ressemblances. Globalement, il est souhaité que soit adoptée une approche ascendante (« bottom-up ») consistant à partir des problèmes identifiés communs aux deux champs cités et à discuter de la validité de solutions potentielles commune. Une étude critique des raisons pour lesquelles le paradigme de la cognition distribuée (voir Giere) ne semble pas fécond pour le présent problème pourra (à titre d'exemple) être envisagée. L'objectif final de ce travail est de proposer des hypothèses d'amendements à la caractérisation de la connaissance qui soit satisfaisantes pour traiter à la fois des questions appliquées rencontrées en épistémologie computationnelle et sociale et pour analyser, rétrospectivement, les savoirs « usuels » à partir desquels a été développée l'épistémologie classique.