Détection et suivi des états affectifs au cours d'un confinement, environnement analogue aux conditions spatiales.
Auteur / Autrice : | Jean Pauly |
Direction : | Benoit Bolmont, Cécile Langlet |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 23/07/2020 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : 2LPN -Laboratoire lorrain de psychologie et neurosciences de la dynamique des comportements |
Mots clés
Résumé
Au cours des missions spatiales, les contraintes physiques liées à l'environnement (e.g., micropesanteur, rayonnement, bruits ) et les contraintes psychologiques liées à la situation (e.g., isolement, confinement ) et au cadre de vie (e.g., charge de travail, vie en collectivité ) constituent des sources de stress importantes (Kanas et Manzey, 2008). Au niveau psychosocial, le confinement sépare les astronautes de leur famille, de leurs amis et les soumet à de nouvelles conditions de vie. Classiquement, les études montrent que même s'il existe une bonne cohésion sociale entre les membres de la mission, le manque de vie privée, les interactions limitées entre les personnes, l'ennui, etc. ont un impact émotionnel potentiellement négatif. Dans le cadre des missions de longue durée, ces contraintes peuvent devenir plus pesantes et représenter une charge supplémentaire de stress limitant ainsi l'adaptation des individus au cours des missions (e.g., Kanas et Manzey, 2008). Outre cet environnement multi-stressant chronique, les astronautes peuvent avoir à faire face à des situations d'urgence (pannes, sorties extravéhiculaires complexes ). Il est admis que des niveaux de stress (chroniques et/ou aigus) importants à paroxystiques influencent les performances humaines (cognitives, comportementales, motrices ). En condition de laboratoire, de nombreuses études ont montré que la modification des états affectifs lors de l'exposition à divers stresseurs (physiques, psychosocial etc., e.g., Kanas et Manzey, 2008) se traduisent inévitablement par des modifications psychologiques et physiologiques mais également au niveau comportemental et cognitif (Willmann and Bolmont, 2012, Langlet et al., 2017, Hermann et al., 2019, Eysenck et al., 2007). Dans le domaine spatial, de telles perturbations (Collado et al, 2017, 2018, Kanas et Manzey, 2008 ; Manzey, 2004) peuvent mettre en danger les personnels et/ou la mission. Il apparait alors impératif de pouvoir détecter les états affectifs liés aux situations multi-stressantes à l'aide de mesures objectives ou subjectives tout au long des missions pour les évaluer et les réguler. Les vols spatiaux étant rares, couteux et impliquant peu de personnes, de nombreux environnements analogues sur Terre ont été développés pour simuler les contraintes physiques (expériences de decubitus, immersion sèche, vols paraboliques ) et psychologiques (confinement, isolement ) et permettre d'étudier l'adaptation humaine pour anticiper de futures missions spatiales. Parmi ces environnements analogues, les missions de confinement ont pour objectif de simuler un voyage de plusieurs semaines ou mois, dans un espace restreint coupé du monde extérieur. Au niveau psychosocial, des résultats obtenus lors d'expériences précédentes de confinement (Mars 105, Mars 500) ont confirmé une désorganisation du groupe à mi-période (phénomène du 3ème quart, e.g., Bechtel et Berning, 1991) et que les conditions de confinement induisent de plus en plus de stress au fur et à mesure que le temps s'écoule (Nicolas & Gushin, 2014, Strollo et al., 2014). Par exemple, il a été observé des comportements agressifs, des situations d'isolement ou d'exclusion du groupe et des dégradations de l'humeur du groupe (e.g., Basner et al., 2014). Si sur le plan physiologique de nombreuses connaissances ont été acquises, il apparaît aujourd'hui qu'une des principales limites aux missions de longues durées et/ou lointaines est la psychologie. De nouvelles expérimentations internationales de confinement (e.g., Sirius 4 mois ; Sirius 8 mois démarrage automne 2020 ; Sirius 12 mois) basées sur de véritables missions spatiales sont mises en place pour mieux appréhender les limites psychologiques. Notre objectif général dans le cadre des missions Sirius est de mieux comprendre les mécanismes d'adaptation aux situations multi-stressantes, ce qui permettrait de réduire les risques et participer à la sécurité des astronautes pour les futures missions de longues durées et/ou lointaines. Ce présent projet de thèse vise à étudier les modifications des états affectifs en situations multi-stressantes dans le cadre d'une mission de confinement de longue durée (Mission internationale Sirius 8 mois, Russie). Plus précisément, il s'agira d'évaluer à l'aide de paramètres psychologiques, cognitifs, physiologiques et moteurs (i) les variations et les changements affectifs, (ii) les changements affectifs en réponse à un stresseur aigu et (iii) l'efficacité de méthodes de régulation émotionnelle au cours du confinement. L'évaluation et le suivi de l'état émotionnel d'une personne soumise à une situation stressante sont pertinents dans plusieurs autres domaines autre que spatial. En effet, de nombreux professionnels (urgentistes, pompiers, etc.) sont soumis à des situations d'urgence (stress aigu) nécessitant des performances cognitives optimales. Une meilleure compréhension du couplage Emotion/Cognition permettrait d'apporter de l'aide à ces personnes. Les connaissances obtenues sur le stress chronique pourraient quant à elles être utiles à d'autres populations, telles que les personnes présentant des troubles affectifs ou des pathologies particulières avec de fortes implications affectives.