Thèse en cours

Nancy territoire d'innovation numérique. Formations et recherches en informatique, automatique et mathématiques à la Faculté des sciences de Nancy (1950-1980)

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Auteur / Autrice : Hala Le Dû
Direction : Laurent RolletPhilippe Nabonnand
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epistémologie histoire des sciences et techniques
Date : Inscription en doctorat le 21/10/2020
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : SLTC - SOCIETES, LANGAGES, TEMPS, CONNAISSANCES
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AHP-PReST - Archives Henri Poincaré - Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies

Résumé

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Après la Seconde Guerre mondiale, l'université de Nancy prend très rapidement une place de premier plan dans ce qui deviendra plus tard l'informatique et l'automatique et que nous désignerons au prix d'un anachronisme par « le numérique ». Tout commence par la mise en place par Jean Legras, en 1957-1958,d'un cours de troisième cycle d'Analyse et de calcul numérique et par l'utilisation de calculateurs électroniques (IBM 604 puis 1620). En 1961, Jean Legras dirige la première thèse en « informatique » soutenue en France par Marion Créhange, Structure du code de programmation. Suivront ensuite les travaux décisifs de Claude Pair sur le langage Algol et les théories de la programmation. Souvent mal considérée à ses débuts par les mathématiciens partisans des approches formelles des mathématiques – Nancy est à cette époque un des sièges du mouvement Bourbaki – cette nouvelle discipline s'installera cependant durablement dans le paysage universitaire local et national à travers différentes constructions institutionnelles : création d'un premier Centre de calcul en 1959, fondation d'une équipe puis d'un Centre de Recherche en Informatique de Nancy (Crin) en 1973-1976, installation de l'Institut de Recherche en Informatique et Automatique (Inria Lorraine) et de l'Institut de l'information scientifique et technique (Inist) dans les années 1980, fondation du Centre de Recherche en Automatique de Nancy (Cran) dans les mêmes années et, plus récemment, du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications (Loria). Forte de près de 70 ans d'histoire, l'Université de Nancy s'est positionnée comme un acteur important dans plusieurs domaines de recherche associés au « numérique » : intelligence artificielle, robotique, ingénierie des systèmes éco-techniques, etc. Comment penser la filiation historique des structures existantes ? Quels en ont été les acteurs ? Quels ont été les grands (et les petits) moments fondateurs de cette histoire ? Comment expliquer l'émergence, à partir des années 1950, autour de Jean Legras puis de Claude Pair, d'une petite communauté de mathématiciens se détournant des mathématiques pures pour initier des recherches nouvelles sur les premiers langages de programmation ? Comment ces recherches se sont-elles déployées dans des dispositifs de formation et d'enseignement ? Quel en a été le rayonnement en France et à l'étranger ? Cette histoire a déjà fait l'objet de plusieurs travaux. La plupart d'entre eux ont été publiés par des acteurs en lien direct avec cette histoire. Ces témoignages directs ont pu être complétés par des recherches plus générales consacrées à l'histoire de l'informatique en France. Les travaux fondateurs de ce type d'approche, qui prend en compte le statut particulier de Nancy, ont été largement balisés par l'historien Pierre-Eric Mounier-Kuhn, notamment dans son ouvrage de 2010 L'informatique en France de la seconde guerre mondiale au Plan Calcul. L'émergence d'une science. Il manque cependant une monographie qui, avec le recul méthodologique de l'historien et la valorisation des archives locales et nationales disponibles, dresse un tableau analytique des dynamiques historiques qui ont conduit à la singularité nancéienne en matière de numérique. Ce projet doctoral vise à produire une monographie complète des trente premières années de la construction de l'informatique universitaire nancéienne en s'appuyant sur les témoignages des acteurs et sur les fonds d'archives qu'il permettra d'identifier et de valoriser.