Thèse soutenue

Étude de la production naturelle de pigments microbiens à partir de co-produits agro-industriels : des gènes à la diversité microbienne.

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Auteur / Autrice : Mathieu Cassarini
Direction : Caroline Rémond
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biotechnologies
Date : Soutenance le 10/02/2023
Etablissement(s) : Reims
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Fractionnement des Agro-Ressources et Environnement (FARE) - INRA UMR A 614 (Reims, Marne)
Jury : Président / Présidente : Bertrand Aigle
Examinateurs / Examinatrices : Caroline Rémond, Bertrand Aigle, Guillermina Hernandez-Raquet, Sophie Landaud, Efthimia Lioliou, Ludovic Besaury
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillermina Hernandez-Raquet, Sophie Landaud

Résumé

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Parmi les métabolites secondaires, le marché des pigments naturels est en voie d'expansion. En effet, estimé à 3,5 milliards de dollars en 2018, il devrait atteindre 6,7 en 2026. Les pigments peuvent être extraits à partir de végétaux, d'animaux ou de minéraux, produits par synthèse chimique ou par voie microbienne. L'utilisation de microorganismes confère de nombreux avantages, tels qu'une plus grande vitesse de production, une indépendance vis-à-vis de la saisonnalité, et une extraction facilitée. En plus de leurs propriétés colorantes, différentes bioactivités ont été démontrées pour les pigments microbiens, certains pouvant être bénéfiques pour la santé.À l'heure actuelle, le prix de production des pigments naturels reste élevé, entre-autres dû au prix des sources de carbones utilisées. Des efforts ont cependant été réalisés afin de réduire le coût de production de ces pigments. Dans ce contexte l'utilisation de co-produits agro-industriels, abondamment disponibles et peu onéreux, constitue un intérêt pour la fermentation microbienne. Mais afin de libérer des sources de carbones assimilables par la plupart des microorganismes des prétraitements polluants et coûteux doivent généralement être réalisés. Cela annule ainsi les avantages d'utiliser une biomasse peu coûteuse. Certains microorganismes peuvent cependant utiliser directement la biomasse végétale comme source de carbone. Cette thèse porte sur l'étude de tels microorganismes naturels ayant aussi la capacité de produire des pigments.Dans un premier temps, il a été recherché des candidats producteurs de pigments à partir de souches déjà étudiées. Une analyse bioinformatique d'espèces pigmentées dont le génome était disponible a été réalisée pour chercher de potentielles sécrétions d'enzymes dépolymérisantes. Une fois quatre candidats sélectionnés, produisant chacun un pigment différent, ceux-ci ont été cultivés sur du son de blé. Leurs activités enzymatiques, l'évolution de la composition du substrat, ainsi que la quantité de pigments produite ont été évalués. Certaines données ont indiqué une potentielle préférence pour les protéines du son de blé. Flexirubine, violacéine et caroténoïdes ont été produits à hauteur de 0,15, 1,47 et 0,07 mg/L, respectivement.Le meilleur de ces candidats a ensuite été sélectionné pour envisager une optimisation de sa production de pigment. Il s'agissait de Chromobacterium vaccinii, produisant de la violacéine. Cette souche a été cultivée sur différents constituants des biomasses végétales pris séparément. Il s'est avéré qu'elle se développait sur la fraction protéique de la biomasse végétale. Croissance microbienne et rendement en pigments ont pu être optimisés en sélectionnant des co-produits riches en protéines : les tourteaux de soja et de colza. D'autres paramètres, comme l'ajout du précurseur métabolique de la violacéine, ont été étudiés pour augmenter la production. Un maximum de 80,86 mg/L de violacéine a été atteint.En parallèle, de nouvelles souches pigmentées ont été isolées. Différentes nouvelles espèces ont été découvertes dont une, Streptomyces durocortorensis, a été officiellement reconnue. Pour rechercher de nouveaux pigments, une stratégie OSMAC ("une souche - plusieurs composés") couplée à une analyse bioinformatique prédisant la production éventuelle de métabolites a été réalisée. En cultivant certaines espèces sur différents milieux de cultures, il s'est avéré qu'elles donnaient des colorations différentes. Les pigments en question ont été extraits afin de déterminer leur structure.Cette thèse aura permis d'explorer la diversité microbienne pour connaître de nouveaux producteurs naturels capables d'utiliser les co-produits, ainsi que de nouveaux pigments associés. Une meilleure compréhension aura été faite de leur utilisation de la biomasse. Ce travail donne d'éventuelles pistes pour améliorer croissances et productions, et soulève aussi de nouvelles questions quant à l'utilisation des co-produits.