Trajectoires paysagères et biodiversité : effets de lanthropisation sur les plantes envahissantes à léchelle de lAire Protégée Togodo et sa périphérie dans le sud-est du Togo
Auteur / Autrice : | Amah Akodewou |
Direction : | Valéry Gond, Sêmihinva Akpavi |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'environnement |
Date : | Soutenance en 2019 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : F&S - Forêts et Sociétés |
Jury : | Président / Présidente : Sylvain Bigot |
Examinateurs / Examinatrices : Valéry Gond, Louise Leroux | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sandra Luque, Julien Andrieu |
Mots clés
Résumé
Les changements dutilisation des terres imposés par les activités humaines sont souvent présentés comme lun des principaux facteurs qui facilitent létablissement, labondance et la prolifération des plantes envahissantes. En Afrique de lOuest, la prolifération de ces plantes envahissantes modifie l'intégrité écologique des écosystèmes des aires protégées et de leurs périphéries et entraîne aussi par ailleurs des pertes de rendement agricoles. Dans ce contexte, comment peut-on expliquer labondance et la distribution des plantes envahissantes dans les savanes soudano-guinéennes de lAfrique de lOuest ? Pour répondre à cette question, ce travail de thèse ambitionne de contribuer à une meilleure compréhension des dynamiques et cinématiques paysagères et de leurs effets sur lévolution de la végétation et sur la distribution et labondance des plantes envahissantes dans les écosystèmes guinéens dans et autour de lAire Protégée Togodo dans le sud-est du Togo. Pour ce faire, grâce à lapproche systémique, aux SIG et à la télédétection (Landsat et Sentinel 2), les éléments paysagers et leurs changements ont été identifiés et cartographiés pour les dates 1974, 1986, 2003 et 2016. Ensuite, des inventaires floristiques et écologiques ont été réalisés sur des placettes de 50 m de côté, choisies en fonction des utilisations et des trajectoires de changements dutilisation des terres. Les relevés botaniques ont permis d'enregistrer l'abondance-dominance de toutes les espèces végétales. Lanalyse fréquentielle a permis détudier les diversités et la structure de la végétation, les profils écologiques et les espèces envahissantes différentielles. Enfin, les pratiques de pilotage et les usages des plantes envahissantes par les populations locales ont été documentés par des enquêtes ethnobotaniques couplées avec des observations directes de terrain. Entre 1974 et 2016, la végétation semi-naturelle (forêt et savane) a diminué de 67 % à 22 %, tandis que la superficie des cultures a augmenté de 33% à 77%. La diversité floristique totale de la région détude est assez élevée. Malgré les perturbations humaines, la diversité floristique de la région détude na pas été trop impactée et même, sest vue augmentée par larrivée dautres espèces favorisées par les actions humaines. Sur 483 espèces recensées au total, 14,70% (71 espèces) sont envahissantes ou potentiellement envahissantes. Plus particulièrement, sur les 178 espèces dominantes recensées, 30 (16,85%) sont envahissantes ou potentiellement envahissantes. Nos résultats montrent que les effets des activités humaines (types doccupation du sol, actions anthropiques et trajectoires de changement doccupation du sol) sont plus discriminants que lenvironnement physique (pédologie et géologie) pour les espèces envahissantes. Les jachères sont les plus dominées par les plantes envahissantes. Les espèces envahissantes P. maximum, C. odorata et S. costata sont très dominantes et représentent un réel défi dans la région détude. P. maximum et C. odorata sont plus dominantes dans les savanes et forêts secondaires alors que S. costata lest dans les champs. Il ressort de notre étude que les savanes et forêts sèches guinéennes, où les plantes envahissantes ont été très peu étudiées, sont pourtant très riches en plantes envahissantes. Enfin, nos résultats montrent que plusieurs plantes envahissantes sont utilisées par les populations locales comme source dalimentation pour les volailles et les bovins ainsi que pour lalimentation humaine. Elles fournissent aussi des services comme la bioindication, la fertilisation des sols et la lutte contre les insectes. La validation scientifique et la valorisation de ces pratiques agroécologiques pourraient permettre de limiter lutilisation massive des pesticides et des engrais, très coûteuse pour les populations aux moyens limités, qui peut aussi causer de véritables dégâts pour la santé humaine et la qualité des sols.