Thèse soutenue

Mollusques bivalves : bioindicateurs de contamination des eaux douces par les cyanotoxines microcystines et la toxine environnementale β-N-méthylamino-L-alanine (BMAA) ?

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Alexandra Lepoutre
Direction : Alain Geffard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et biologie des organismes - populations - interactions
Date : Soutenance le 11/02/2019
Etablissement(s) : Reims
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Stress environnementaux et biosurveillance des milieux aquatiques (Reims, Marne ; Le Havre, Seine-Maritime)
Jury : Président / Présidente : Cécile Bernard
Examinateurs / Examinatrices : Alain Geffard, Vitor Vasconcelos, Bastiaan Ibelings, Nicoletta Riccardi
Rapporteurs / Rapporteuses : Vitor Vasconcelos, Bastiaan Ibelings

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La fréquence et l’intensité des proliférations de cyanobactéries toxiques dans les eaux douces augmentent depuis plusieurs années, y compris dans celles utilisées pour l’adduction d’eau potable ou les activités récréatives. Parmi les cyanotoxines, les hépatotoxines microcystines (MCs) sont les plus fréquemment synthétisées et les plus étudiées, alors que peu de données sont disponibles sur l’occurrence de la neurotoxine β-méthylamino-L-alanine (BMAA), également produite par des diatomées. En raison des fortes variations spatio-temporelles des efflorescences de cyanobactéries, les prélèvements ponctuels d’eau comme outils de surveillance de la présence de cyanotoxines semblent peu adaptés et sont susceptibles de sous-estimer le risque. En revanche, l’utilisation d’outils intégrateurs telles des espèces bioaccumulatrices, comme les bivalves, peut s’avérer pertinent. La glande digestive des invertébrés est connue pour être l’organe cible majoritaire de l’accumulation des MCs, à la fois sous une forme libre rapidement éliminée, et sous une forme liée à des protéines ayant un temps de résidence plus long dans les tissus. Cependant, peu de données sont disponibles concernant l’organotropisme et les différentes fractions d’accumulation de la BMAA. Cette thèse a contribué à (i) évaluer la pertinence des bivalves Dreissena polymorpha et Anodonta anatina comme outils de biosurveillance de la présence de BMAA et d’organismes producteurs de MCs dans les eaux douces, et (ii) identifier les fractions d’accumulation des toxines les plus pertinentes pour caractériser le niveau et la dynamique de contamination environnementale. Les résultats montrent que la BMAA est accumulée par les bivalves à la fois sous forme libre et associée aux polypeptides de faible poids moléculaire, sans organe cible particulier, soulignant l’utilisation possible de l’analyse de la fraction totale (libre et liée) comme proxy de contamination. L’analyse du corps entier de D. polymorpha permet d’évaluer le niveau de contamination du milieu par la BMAA, à des concentrations environnementales (10 à 50 µg/L) ; les glandes digestives d’A. anatina permettant de révéler la présence de cette toxine dans le milieu à partir de 50 µg BMAA/L. Concernant la présence de producteurs de MCs dans l’eau, les MCs libres quantifiées chez les organismes reflètent plus fidèlement les variations temporelles de contamination du milieu que les MCs totales, particulièrement chez D. polymorpha, en raison de ses capacités de détoxification. L’accumulation de MCs libres chez D. polymorpha permet également de discriminer différents niveaux de contamination environnementale (10 vs. 100 µg/L MCs intracellulaires). Chez A. anatina, les fortes capacités d’accumulation de MCs, dès 1 µg MCs intracellulaires/L dans le milieu, associée à une élimination tardive, restreignent son usage à l’indication d’une présence/absence de contamination, sans évaluation fine de son intensité ni de sa temporalité.