Thèse soutenue

Feux, rennes et humains dans la forêt boréale : le rôle du feu dans les interactions historiques et contemporaines entre l'élevage de rennes sami et la gestion forestière dans le Nord de la Suède

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Sarah Cogos
Direction : Nathalie Frascaria LacosteLars Östlund
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'environnement
Date : Soutenance le 11/12/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay en cotutelle avec Sveriges lantbruksuniversitet
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
Jury : Président / Présidente : Christian A. Kull
Examinateurs / Examinatrices : Christian A. Kull, Hugo Asselin, Zsolt Molnár, Camilla Widmark, Alexandra Lavrillier, Samuel Roturier
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian A. Kull, Hugo Asselin

Résumé

FR  |  
EN

Dans le nord de la Suède, le feu a été utilisé comme mesure de régénération forestière entre les années 1920 et 1970, puis abandonné pendant deux décennies. Depuis les années 1990, la restauration du feu a été mise en œuvre à travers des brûlages de régénération et de conservation dans les forêts commerciales et protégées. Ces mêmes forêts sont utilisées par les éleveurs autochtones samis comme pâturages pour leurs rennes. L’objectif général de cette thèse était d’étudier les dimensions humaines des régimes de feux dans la forêt boréale suédoise, en se concentrant sur les interactions entre l’élevage de rennes sami et la gestion forestière pendant le 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Pour atteindre cet objectif, une approche interdisciplinaire combinant histoire écologique et anthropologie environnementale a été utilisée. Les résultats montrent que les gestionnaires forestiers conçoivent le feu comme une perturbation naturelle à restaurer, alors que les éleveurs samis éprouvent des sentiments ambivalents à l’égard du feu, ayant subi les effets de stratégies de brûlage imposées par le secteur forestier sur leur mode de vie. Tandis que le brûlage favorise le pâturage d’été, et maintient la disponibilité du pâturage d’hiver sur le long terme, il détruit temporairement les pâturages de lichen. Les savoirs écologiques samis montrent que le brûlage affecte aussi le comportement et le patron de déplacement des rennes. Ces écueils affectaient déjà l’élevage durant la première moitié du 20ème siècle, et avaient même initié une première forme de consultation avec le secteur forestier. Aujourd’hui, bien que généralement opposés à toute mesure extérieure qui affecte les pâturages des rennes, les éleveurs samis voient dans le brûlage un moyen de restaurer les pâturages d’hiver. Ils se servent du processus de consultation avec les propriétaires forestiers pour négocier une utilisation du brûlage qui serve leurs intérêts. Le régime de feux reflète ainsi une combinaison de contraintes techniques, d’objectifs de gestion forestière et de conservation de la nature, et de conditions posées par les éleveurs samis. Afin que les éleveurs samis puissent réellement faire valoir leurs intérêts, une véritable cogestion du feu devrait cependant être mise en place.