Maintien de la multifonctionnalité des prairies permanentes et adaptation des systèmes fourragers au changement climatique dans le Massif central
Auteur / Autrice : | Lucie Allart |
Direction : | Bertrand Dumont |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Gestion de l'environnement |
Date : | Soutenance le 24/06/2024 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Unité Mixte de Recherche sur les Herbivores (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Magali Jouven |
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Martel, Anne Bonis | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Clélia Sirami, Sébastien Couvreur |
Mots clés
Résumé
Les prairies permanentes sont multifonctionnelles et rendent ainsi de nombreux services écosystémiques à la société. Elles sont menacées par le changement climatique et par l'intensification des pratiques agricoles qui les menacent de dégradation (i.e. baisse de biodiversité et de leur capacité à fournir des services). Elles reculent sous l'effet de la conversion de leurs surfaces au profit des cultures. Deux enjeux sont alors à concilier: i) maintenir la diversité de services que les prairies permanentes rendent à la société et ii) adapter les systèmes fourragers au changement climatique. La cadre des systèmes d'élevage qui combine un système biotechnique et un système décisionnel est ici utilisé pour analyser les effets directs et indirects du changement climatique sur les prairies permanentes. Les effets directs sont les évolutions des prairies sous l'effet de variations du climat, et les effets indirects sont les évolutions des prairies en réponse aux adaptations des éleveurs au changement climatique.Afin de comprendre les effets directs du changement climatique sur les prairies permanentes, nous avons utilisé les relevés botaniques précédemment réalisés pour établir une typologie fonctionnelle des prairies du Massif central. Leur distribution le long de gradients d'altitude et de latitude, indépendamment des facteurs de gestion, nous a permis d'étudier l'effet du changement climatique sur la multifonctionnalité des prairies permanentes selon les modes de fertilisation et leur richesse spécifique. Grâce à un modèle d'équation structurelle, nous avons identifié la richesse spécifique comme variable pivot des effets de la fertilisation et du climat. L'élévation de la température annuelle moyenne conditionne la baisse de leur biodiversité et de leur multifonctionnalité.Par la suite, nous avons interrogé 15 éleveurs bovins laitiers du Massif central sur leurs perceptions du changement climatique, de leurs prairies permanentes et analysé comment ces perceptions influencent leurs stratégies d'adaptation au changement climatique. Nous avons observé un effet marqué du contexte climatique avec un fort contraste entre les zones collinéennes du sud du Massif central, où les éleveurs font déjà face à des sécheresses prononcées et à des températures estivales élevées, et les autres zones. Dans ces dernières, la perception des prairies permanentes reste positive et leur diversité inter- et intra-parcelle est à la base des stratégies d'adaptation mises en œuvre par les éleveurs. Au sud du Massif central, les éleveurs insistent plus sur les dis-services liés à l'utilisation des prairies permanentes, et fondent leur stratégie d'adaptation sur un assolement dans lequel ils ont intégré des prairies temporaires, des cultures fourragères et des arbres.Enfin, grâce à notre modèle d'équation structurale, nous avons simulé l'effet d'une élévation de la température moyenne de 1,5°C sur l'évolution de la multifonctionnalité de prairies permanentes que les éleveurs jugeaient représentatives de leur système. Nous avons également distingué les exploitations selon la part de prairies permanentes dans la surface agricole. Cette analyse révèle que les phénomènes de dégradation et de conversion des prairies permanentes au profit des cultures ne touchent pas toutes les exploitations de la même manière. Dans certaines, la conversion de certaines parcelles préserve des prairies permanentes peu fertilisées sur une autre partie du parcellaire.Cette thèse met en évidence l'importance de combiner des approches écologiques et socio-cognitives pour comprendre les voies par lesquelles le changement climatique influence la gestion des écosystèmes prairiaux. Les apports de notre travail sur la perception qu'ont les éleveurs herbagers des prairies permanentes, et sur les freins à l'adaptation pourront être mobilisés par le conseil aux éleveurs, afin de les accompagner dans les transitions permettant de faire face aux défis climatiques et écologiques.