Thèse soutenue

Rôle des compétences phonologiques et de l'Empan Visuo- Attentionnel sur l'identification de mots en cas de surdité : comparaison d'enfants sourds hétérogènes à un groupe témoin entendant.

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Auteur / Autrice : Cécile Ferlin
Direction : Florence BaraChristiane Soum-Favaro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 20/12/2024
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Établissement délivrant conjointement le doctorat : Université Toulouse - Jean Jaurès (1970-....)
Laboratoire : Cognition, langues, langage, ergonomie (Toulouse ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Julie Lemarié
Examinateurs / Examinatrices : Mathieu Marx, Stéphanie Borel, Stéphanie Colin
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Line Bosse, Caroline Bogliotti

Mots clés

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Résumé

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De nombreuses études internationales révèlent que l’apprentissage de la lecture présente des défis spécifiques pour les enfants sourds : en France, plus de 40 % d’entre eux rencontrent des difficultés. La maîtrise de la lecture constitue un enjeu crucial pour leur socialisation et leur autonomie. Chez les enfants entendants, deux prérequis de la lecture importants émergent de la littérature scientifique : la conscience phonologique (CP), c'est-à-dire la capacité à manipuler les unités phonologiques de la langue, et l'Empan Visuo-Attentionnel (EVA), qui correspond au nombre de caractères perçus simultanément en une fixation oculaire.Inspiré par les modèles de lecture à double voie, le développement de la lecture chez les enfants sourds a été principalement étudié sous l’angle de l’hypothèse phonologique. Cependant, en raison de l'accès limité à la phonologie chez les enfants sourds et de l'opacité du français, cette approche est débattue. Parallèlement, des approches alternatives, telles que l'hypothèse visuelle, suggèrent que certains lecteurs sourds signants, performants en lecture, utilisent des stratégies visuelles spécifiques (e.g. large empan perceptif et lecture par mots-clés). Par ailleurs, des études récentes ont mis en lumière des compétences visuo-orthographiques particulières chez les enfants sourds, qu’ils utilisent la langue vocale ou la langue des signes. À ce jour, aucune étude n’a examiné précisément le rôle de l’EVA dans l’identification des mots isolés chez les enfants sourds.Notre étude se propose de tester l’hypothèse selon laquelle les bons lecteurs sourds pourraient compenser un déficit en CP par un recours à l’EVA. Pour cela, nous avons conçu une batterie de tests comprenant des tâches de détection de rimes à l’aide d’images, le traitement de chaînes de consonnes via le logiciel EVADYS, et une tâche de décision orthographique avec distracteurs phonologiques et orthographiques. L'échantillon comprend 51 enfants sourds profonds (âgés de 8 à 12 ans) et 42 enfants entendants. Nos résultats, répartis en trois volets d’analyses, montrent une grande variabilité des scores de CP et d’EVA en fonction du groupe linguistique et du niveau de lecture.La comparaison des groupes linguistiques montre que les compétences en CP sont élevées chez les entendants et sourds oralisants, mais plus faibles chez les sourds signants. En EVA, les entendants surpassent les deux groupes sourds. La comparaison en fonction du niveau de lecture montre que les lecteurs habiles obtiennent des scores de CP et d’EVA supérieurs, bien que certains lecteurs habiles aient des scores de CP relativement faibles tandis que leurs résultats sont comparables à ceux de leurs pairs habiles lecteurs, en EVA. Les modèles statistiques montrent que la CP influence principalement les enfants sourds oralisants via la lecture labiale, tandis que l’EVA joue un rôle dans l’identification des mots pour tous les groupes. La lecture labiale influence également la lecture des enfants sourds signants mais uniquement au niveau lexical. Ces résultats suggèrent que la variabilité de l’apprentissage de la lecture chez les enfants, qu'ils soient sourds ou entendants, dépend en partie de l’EVA. Ils indiquent aussi qu'une part faible des enfants sourds signants, dans notre étude, parvient à devenir de bons lecteurs sans une conscience phonologique développée. En outre, la lecture labiale émerge comme un soutien central pour la reconnaissance des mots, jouant un rôle lexical pour les sourds signants et un rôle sublexical pour les sourds oralisants.Ces résultats ouvrent des perspectives en recherche appliquée, en vue de développer des tests spécifiques pour mieux évaluer la population sourde.