Anthropomorphisme et perception de l’esprit dans les interactions entre l'homme et l'IA dans des contextes services
Auteur / Autrice : | Salma André |
Direction : | Margherita Pagani |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Soutenance le 17/01/2024 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques et de gestion (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche Magellan (Lyon ; 19..-....) |
Jury : | Président / Présidente : Julien Cloarec |
Examinateurs / Examinatrices : Julien Cloarec, Christine Balagué, Caroline Wiertz, Lars Meyer-Waarden | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christine Balagué, Caroline Wiertz |
Résumé
Les systèmes d'IA et les technologies robotiques sont de plus en plus présents dans le secteur tertiaire, bouleversant la manière dont les consommateurs vivent les services et traitent avec les fournisseurs de services. Alors que ces machines ressemblent de plus en plus à des êtres humains tant dans leur apparence que dans leur comportement, il devient crucial d'étudier la réaction des consommateurs face à cette technologie, en particulier lorsqu'elle est employée pour remplacer des employés de terrain. Dans cette thèse de doctorat, nous nous appuyons sur la théorie de la perception de l’esprit (Mind perception) - qui consiste à attribuer un esprit humain à d'autres entités, y compris à d'autres espèces animales ou aux machines - pour étudier la réaction des consommateurs à cette nouvelle génération de machines. Les recherches existantes ont mis en évidence que les gens perçoivent l’esprit humain à travers deux dimensions : l'agentivité, qui se rapporte à la capacité à penser et à agir, et l’aptitude affective, qui se rapportent à la capacité à sentir et à ressentir. Cette thèse cherche à comprendre comment les consommateurs confèrent aux systèmes d'IA des capacités d'action et de sentiment, et comment ces attributions influencent les réponses des consommateurs et les l’efficacité du marketing dans les contextes de service. Le premier essai explore les réactions des consommateurs face à un agent conversationnel (chatbot) d’IA émotionnelle (feeling IA) dans un contexte réel, en utilisant la modélisation des sujets et l'analyse thématique des commentaires des consommateurs. Les sujets extraits ont été classés en cinq grands thèmes. Le premier thème est lié à la perception de l’esprit et englobe trois sujets : l’aptitude à ressentir, la haute agentivité et l'agentivité réduite. Les deuxième et troisième essai abordent ensuite la question centrale de cette recherche, à savoir le concept de perception de l’esprit dans le contexte des technologies d'IA. Le deuxième essai aborde les thèmes de l'anthropomorphisme physique et de la réaction affective du consommateur et examine l’effet des facteurs anthropomorphiques physiques du robot sur la perception de l’esprit et sur la réaction émotionnelle du consommateur. Nous examinons les caractéristiques anthropomorphiques visuelles précédent l’attribution d'esprit, plus spécifiquement les effets distincts et conjoints du visage et du corps du robot sur la perception de l'agentivité et des capacités émotionnelles du robot. Nous examinons également leur effet sur la réponse émotionnelle du consommateur (irritation) et la réponse comportementale (intention d'utiliser le robot dans un environnement de service) dans trois expériences inter-sujets. L'étude 1 démontre dans un environnement de service qu’un visage humanoïde chez un robot doté d'un corps génère une perception d'agentivité, qui suscite l’intention d'utiliser le robot. L'étude 2 confirme cet effet et montre que les robots dotés d'un visage humain sont perçus comme ayant des capacités émotionnelles, indépendamment de la présence d'un corps. L'étude 3 étudie de manière plus approfondie l'attribution de capacités émotionnelles aux robots dans une perspective d’inclusion ou d’exclusion du groupe, en distinguant les effets de l'attribution d'émotions primaires et secondaires aux robots sur les intentions comportementales. L'essai 3 aborde les thèmes éléments de service et dimensions relationnelles. En l'absence d’embodiment physique du robot, nous étudions comment les attributions mentales affectent l'efficacité des stratégies de réparation mise en œuvre par le chatbot à la suite d'une défaillance de service. Nous nous appuyons sur la théorie de la perception de l’esprit pour montrer que l'efficacité des excuses du chatbot dépend de la perception de ses capacités émotionnelles et de son agentivité en trois études expérimentales.