La construction de la figure du réfugié par des récits migratoires : Une fabrique de vies errantes
Auteur / Autrice : | Ousmane Kouyate |
Direction : | Ewa Bogalska-Martin, Anne-Laure Amilhat-Szary, Sarah Mekdjian |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 29/11/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuel Jovelin |
Examinateurs / Examinatrices : Elsa Guillalot, Mamadou Gando Barry | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuel Jovelin, Jean-Yves Dartiguenave |
Mots clés
Résumé
Dans un contexte où le récit migratoire ainsi que les vécus des demandeurs d'asile sont remis en question lors des entretiens OFPRA, la figure du migrant s'effrite et se dilue dans les discours politiques et médiatiques dépeignant plutôt une figure caricaturée du réfugié, en ignorant les vrais enjeux de leurs parcours. Ainsi, «l'investissement de l'asile par les acteurs duchamp politique et médiatique participe à son ennoblissement, qui fonctionne en retour comme un des plus sûrs instruments au service de sa restriction » (AKOKA, 2020: 311). Ce qui par conséquent entraîne le plus souvent des effets pervers ; comme celui de considérer la demande d'asile comme un problème à résoudre au détriment d'une valeur à défendre conformément à la législation et aux différentes conventions ratifiées par la France. Cette façon d'agir fait qu'on ne croit plus aux expériencesdouloureuses pour lesquelles ces requérants demande l'asile à la France. Ce qui, par conséquence leur dépossède la légitimité de se définir soit même comme étant un réfugié, car leurs parcours et expériences sont soumis aux jugements d'autrui. Ils sont donc obligés de reconstruire ce parcours à travers un récit dans lequel ils défendent cette expérience. Cette thèse constitue un condensé de ces récits à travers lesquels nous avons procédé par une ethnographie des parcours de vie pour interpréter cette remise en question de violence vécue par les requérants comme une négation à caractère discriminatoire de l'altérité. Ainsi, nous avons montré à travers une auto-analyse, la manière dont l'accueil du demandeur d’asile et du réfugié, tel qu'il se déploie actuellement dans les espaces administratif, politique, juridique et social, s'inscrit dans une logique de tri et de rejet de l'autre. Nous avons ensuite traité la problématique de la perception du réfugié qui n'est plus cet individu ayant besoin d'être protégés, mais plutôt un potentiel suspect à surveiller et à juger, tels que le décrivaient Carolina Kobelinsky et Didier Fassin, dans ''Comment, on juge l’asile. L’institution comme agent moral '' (2012). Et enfin, cette étude questionne la manière dont ces représentations entraînent des effets délétères et violents non seulement sur ces individus, mais aussi sur les conditions d'accueil mises en place. En effet, l'étude décrit objectivement les mécanismes, participants à la transformation de ces lieux en espaces d'attente et d'errance. Ainsi, à l'image de ces conditions, le réfugié n'est plus ce qu'il est censé être un sujet à protéger, mais plutôt comme l'a souligner Agamben un sujet pour lequel la vie est capturée et abandonnée qui n’a d’autres fonctions politiques que le dévoilement au théoricien du dispositif de la souveraineté, c’est-à-dire de la souveraineté comme « mécanisme de distribution de la négligence. En bref, cette étude montre ces mécanismes d'assujettissement des demandeurs d'asile rendus légitimes par les pouvoirs publics.