Thèse soutenue

Nouveaux hydrogels physiques ultra-déformables dopés de cubosomes décorés par des argiles

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Auteur / Autrice : Cécile Rerzki-Vérité
Direction : Fabrice CousinFrançois MullerFilippo Ferdeghini
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique et chimie des matériaux
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Physique et chimie des matériaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : École centrale des techniciens de l'électronique (Paris)
Jury : Président / Présidente : Catherine Amiel
Examinateurs / Examinatrices : Dominique Hourdet, Fabienne Testard
Rapporteurs / Rapporteuses : Véronique Schmitt, Christophe Chassenieux

Mots clés

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Résumé

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De par leurs fortes teneur en eau et déformabilité, les hydrogels constituent un outil de choix pour concevoir des systèmes biocompatibles stimulables aux applications dans le domaine de la santé. Dans ce contexte, l’objectif de la thèse est de développer de nouveaux hydrogels permettant une délivrance contrôlée de molécules induite par sollicitation mécanique externe. Pour ce faire, ces travaux proposent une nouvelle approche de formulation d’hydrogels basée sur l’utilisation de cubosomes, i.e. de phases cristallines cubiques de lipides. Elles sont stabilisées dans l’eau par des nanoplaquettes d’argile, sur lesquelles s’adsorbent les chaînes polymériques dans la phase aqueuse. Les nano-gouttelettes forment ainsi les nœuds permettant la réticulation physique de l’hydrogel, sans introduction d’aucun liant chimique covalent. Le travail comporte en deux grandes parties : (i) la caractérisation fine des mécanismes de stabilisation de l’émulsion de cubosomes par l’argile afin d’optimiser la synthèse de l’hydrogel et (ii) la formulation de l’hydrogel et la caractérisation de ses propriétés structurales et mécaniques. Les émulsions sont obtenues par ultrasonication de phytantriol (PT) pour le lipide, de nanoparticules discotiques de laponite (d’épaisseur 1 nm et de rayon 25 nm) et d’eau. Le diagramme de phase a été établi et tous les points ont été caractérisés de façon exhaustive par une approche multi techniques. Elle combine observations visuelles, conductivité, diffusion dynamique de la lumière (DLS), diffusion des rayons X aux petits angles (SAXS) et diffusion de neutrons aux petits angles (SANS) avec variation de contraste. Un seuil de dispersion du PT a été déterminé macroscopiquement en fonction des concentrations de laponite et de PT, au-delà duquel une fraction du PT n’est pas stabilisée. La conductimétrie a quant à elle mis en évidence l’existence étonnante d’un second seuil de dispersion dans le système: la laponite s’adsorbe sur les gouttes de PT jusqu’à une concentration seuil indépendante de la concentration de lipide à disperser dans le milieu. Les données de DLS ont été analysées par un modèle qui distingue les contributions respectives des gouttes et de la laponite libre. Elles révèlent que la taille des gouttes de PT est constante sur tout le diagramme de phase, en accord avec le choix d’une énergie fixe donnée au système lors de l’étape d’ultrasonication. La détermination de la position des pics de Bragg associés à la phase cubique de symétrie Pn3m du PT par SAXS montre qu’elle est indépendante des concentrations en PT et en Laponite. Cela prouve que les laponites ne pénètrent pas les gouttes. La structure fine des émulsions a été obtenue par des expériences de de SANS, en éteignant successivement le signal du PT et celui des laponites. Un modèle de boules décorées de disques a été développé pour ajuster le signal de la laponite. La fraction déterminée de laponites adsorbées ou libres dans la solution est en très bon accord avec les mesures conductimétriques. Des hydrogels de polyacrylamide ont été synthétisés in situ à partir de ces émulsions avec une concentration élevée finale de polymère, autour de 10% en masse. Le protocole de polymérisation a été optimisé, en particulier l’ordre d’incorporation des initiateurs, et choisi de sorte à ce que les chaînes de polymère ne traversent pas les gouttes. Leur structure a été examinée au repos et sous étirement uniaxial par SANS. Ces gels purement physiques sont étirables au moins jusqu’à 1000% sans casse. La structure interne des gouttes est conservée lors de la synthèse ou de l’étirement. Sous étirement, sans se déformer, les gouttes se réorganisent au sein d’un réseau tridimensionnel très dense de chaînes à la taille de maille de quelques angströms. Enfin, les propriétés mécaniques des hydrogels dopés ont été évaluées par des expériences de rhéologie oscillatoire qui montrent que le module est relativement stable dans les gammes de concentration étudiées.