Thèse soutenue

Les ethnothéories de la réussite éducative : Une étude ethnographique de la niche de développement dans la région de Cusco au Pérou

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Auteur / Autrice : Sussan Hurtado Bocangel
Direction : Nadja Maria Acioly-RégnierBlandine Bril
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 28/03/2023
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions, corpus, apprentissages et représentations (Lyon, Rhône ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Daniel Derivois
Examinateurs / Examinatrices : Liliane Pelletier-Lagaillarde, Jorge tarcisio Da rocha falcao, Samuel edmundo Lopez bello, Jean-Claude Regnier

Mots clés

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Résumé

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L'objectif de cette recherche est d'aborder la manière dont les ethnothéories de la réussite éducative se constituent en fonction des contextes socio-économiques et culturels dans lesquels sont priorisés certaines pratiques éducatives et l'apprentissage de compétences adaptées au développement de l'enfant. L'originalité de notre démarche a consisté à explorer et confronter les points de vue des enfants, des parents et des enseignants dans différents contextes socioculturels du Pérou (région de Cusco) afin de mieux comprendre les représentations sociales de la réussite éducative.Le concept d’ethnothéorie trouve son origine dans le modèle théorique de l'écologie culturelle, la niche de développement (Harkness & Super, 1986) qui le définit comme les représentations mentales de l'éducation faisant partie d'une construction sociale pour le développement de l'enfant dans un écosystème complexe (Conus & Ogay, 2014). Afin de comprendre ces représentations, nous avons utilisé une méthodologie multidisciplinaire qui nous a permis d'accéder aux discours des acteurs sociaux, ainsi qu'aux pratiques éducatives et aux contextes de la vie quotidienne. Prenons en compte que la définition de la réussite éducative dans cette recherche n'englobe pas une dimension purement scolaire, mais aussi l'expression plus large du terme, le sens même de l'éducation et ses objectifs.Cette méthode inclut la triangulation des méthodologies et des données. Nous avons donc utilisé différentes méthodes d’enquête : un questionnaire écrit et des dessins d'enfants, des entretiens approfondis semi-structurés, l'observation participante et l'enregistrement vidéo des séances de classe à l'école. Pour la triangulation des données, nous avons pris en compte la comparaison des ethnothéories des trois acteurs ; enfants, parents et enseignants, ainsi que ces ethnothéories dans les différentes zones d'étude. Le groupe cible était constitué d'enfants âgés de 9 et 10 ans en quatrième année d'école primaire (CM1) de trois écoles situées dans des zones préalablement sélectionnées et présentant des caractéristiques socio-économiques et culturelles différentes. Pour cette sélection, l'analyse de l'Évaluation Nationale des Élèves (ECE) au Pérou a été essentielle car elle nous a permis de définir trois districts pour l'étude : Wanchaq (zone urbaine), Saylla (zone urbaine marginale), Huancarani (zone rurale). En plus de ces trois lieux,nous avons complété notre étude dans une école de la communauté rurale indigène de Chuachua à Q’eros, située dans la province de Paucartambo (province de la région de Cusco). Nos résultats montrent que les ethnothéories de la réussite éducative expriment le système de valeurs de la société en ce qui concerne la socialisation souhaitée à la maison et l'éducation scolaire des enfants. Il y a donc une polarisation des ethnothéories en fonction du contexte urbain, périurbain et rural. Plus une famille est proche de la zone urbaine, plus ses ethnothéories sont adaptées au programme scolaire, car elles contiennent le même paradigme culturel. Ceci explique l'inadéquation de l'école au contexte culturel rural. Dans le même ordre d'idées, le développement socio-économique et culturel joue un rôle important dans la détermination des compétences et des objectifs éducatifs : plus les enfants vivent près de la zone urbaine, plus ils cherchent à acquérir des compétences d'autonomie et d'individualisme et d'ouverture à une société occidentale. Plus les enfants vivent près de la zone rurale, plus ils développent solidarité, communautarisme et la persistance de la culture indigène. En témoigne la diglossie entre le castillan et les langues indigènes, en particulier le quechua pour notre étude. En effet, plus on se rapproche des zones urbaines, moins le quechua est appris et valorisé, alors que dans les zones rurales éloignées, le quechua reste la langue dominante, même dans le cadre de l’école.