La substance sensible : unicité de la forme substantielle et position de la substance. Essai de philosophie de la nature
Auteur / Autrice : | Jacques Doumic |
Direction : | Michel Bastit |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 21/03/2023 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archives Henri Poincaré- Philosophie et Recherches sur les Sciences et les Technologies (Nancy ; Strasbourg ; 2018-....) |
Jury : | Président / Présidente : Paul Clavier |
Examinateurs / Examinatrices : Michel Bastit, Luciano Boi, Isabelle Moulin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Luciano Boi, Isabelle Moulin |
Mots clés
Résumé
La notion de substance emporte avec elle divers traits connus : c’est le sous-jacent aux changements de faible ampleur ; c’est le sujet existant en lui-même et capable d’accueillir des accidents ; c’est l’individu par excellence. Non sans vigoureuse simplification, on peut faire remonter ce modèle sommaire à Aristote et Thomas d’Aquin, et en déduire diverses conséquences : omniprésence (tout est substance, partie de substance, ou accident rattaché à une substance) ; unicité de la forme substantielle (un ensemble de substances ou une partie de substance ne sont pas des substances) ; univocité (la notion de substance n’est pas susceptible de plus et de moins).Une belle vivacité éditoriale témoigne que les travaux de conceptualisation relatifs à la substance se poursuivent, avec de fréquentes références à des auteurs anciens et notamment à Aristote. Une cartographie orientée des travaux notamment contemporains, constitue en soi un important travail de synthèse philosophique, et l’un des objectifs de la présente thèse. En pratique, vu l’ampleur de ce que l’on peut tirer du corpus aristotélicien et de ses exégèses, une partie très importante du mémoire sera consacrée à l’approche aristotélicienne de la substance (plus de 400 pages). Cette approche sera complétée, de manière plus succincte, par les apports propres de l’école thomiste : notion de création (qui, par contraposition, éclaire celle de changement), doctrine de l’analogie, distinction réelle de l’essence et de l’esse et identification de la substance à travers une relation.particulière de l’essence et de l’esse.Cette synthèse orientée sur la nature de la substance ne constituera toutefois qu’un objectif auxiliaire. Notre ambition consistera principalement à explorer un problème aussi ancien mais plus rarement étudié, du moins sous la forme brutale que nous lui avons donnée. Les conceptions de la substance, telles qu’esquissées ci-dessus, sont très générales. Résistent-elles à une confrontation à la réalité sensible ? Tel pan de la réalité concrète (nuage, goutte d’eau, océan, cellule, animal…) est-il ou n’est-il pas une substance ? Et si ce n’est pas une substance, de quelle substance dépend-il, de quelle substance est-il une partie ou un accident ?En faisant porter ainsi notre effort sur la position de la substance, nous pensons indiquer l’extrême tension inhérente à la notion même de substance, au moins dans son modèle sommaire. Cette tension se retrouve avec toute sa force dans la difficulté à concilier l’unicité de la forme substantielle, son univocité et son omniprésence, et ce particulièrement lorsque l’on se confronte au réel concret, et à la hiérarchie quotidienne des êtres qui nous entourent. Notre objectif final sera d’explorer une voie d’apaisement. Moyennant enrichissement et dépassement de ce modèle sommaire, peut-on dégager une notion de substance susceptible d’une prédication en un sens univoque, en un sens analogique, et à même d’aborder la question de la position de manière opératoire ? Notre réponse, bien qu’encore incomplète, sera largement positive, mais nécessitera des explicitations nouvelles, d’origine épistémologique, en particulier pour souligner l’existence objective et mathématisable d’une causalité du tout sur ses parties, en lien avec la question (souvent jugée aporétique) de l’émergence à laquelle nous proposons une solution.