Thèse soutenue

Habiter l'attente : esquisse d'une sociologie de l'attente de la démolition des grands ensembles dans le cadre des politiques de rénovation urbaine

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Auteur / Autrice : Marisol Molina
Direction : Jean-Marc Stébé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 11/07/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire lorrain de sciences sociales (Metz ; 19..-2023)
Jury : Président / Présidente : Philippe Hamman
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Marc Stébé, Jean-Yves Toussaint, Laurence Costes, Hervé Marchal, Ewa Bogalska-Martin, Catherine Deschamps
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Yves Toussaint, Laurence Costes

Résumé

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Depuis de nombreuses années, la démolition des bâtiments est considérée comme l'outils le plus approprié pour re-dessiner et re-programmer la ville. Depuis 2004, l'Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) a ainsi dirigé et impulsé les opérations de démolition-reconstruction des grands ensembles dans le double objectif de métamorphoser le paysage urbain et d'y introduire de la « mixité sociale ». Presque vingt ans après le démarrage du Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), les études montrent que les relogements sont plutôt bien évalués par les habitants des logements sociaux concernés.Ce travail de thèse se propose d'étudier les opérations de démolition des grands ensembles dans le cadre de la rénovation urbaine en amont de l'acte même de la démolition. En effet, cette période « d'avant » la démolition crée une attente inévitable entre le moment où l'habitant reçoit les premières informations - officielles ou non officielles - sur la démolition de son logement et le moment où il est relogé. C'est le vécu de cette période, autrement dit cette manière « d'habiter l'attente » que notre thèse tente de comprendre, en s'appuyant sur une étude ethnographique réalisée à la barre Fragonard, au cœur du grand ensemble des Lochères à Sarcelles, situé dans le département du Val-d'Oise. Cette étude montre comment les habitants de cette barre - qui sera bientôt démolie dans le cadre du nouveau programme de rénovation urbaine (NPNRU) de l'ANRU - subissent, ressentent et vivent cette attente imposée, longue et incertaine, et comment celle-ci influe sur leurs représentations de l'avenir.Pour cela, nous avons étudié les différents récits qui accompagnent cette démolition et la rénovation urbaine en général. Nous avons mis en regard les récits des habitants avec ceux des acteurs « décideurs » de la rénovation urbaine, à savoir les maires, l'ANRU, les bailleurs, ainsi que les équipes d'architectes et urbanistes, selon les concepts décrits par le sociologue Henri Lefebvre sur la « ville vécue » versus la « ville conçue ». Enfin, cette étude décrit et analyse de manière qualitative l'attente de la démolition des habitants de la barre Fragonard, en dégageant les idéal-types de l'attente de la démolition. Sa finalité est de faire l'esquisse d'une sociologie de l'attente de la démolition des grands ensembles dans le cadre des politiques de rénovation urbaine.