Thèse soutenue

Evaluation de la toxicité de la versicolorine A, un précurseur de l'aflatoxine B1

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Auteur / Autrice : Carine Al Ayoubi
Direction : Olivier PuelLaura Soler-Vasco
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Infectiologie, Physipoathologie, Toxicologie, Génétique et Nutrition
Date : Soutenance le 24/02/2023
Etablissement(s) : Toulouse, INPT
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Toxalim (Toulouse ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Gladys Mirey
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Puel, Laura Soler-Vasco, Gladys Mirey, Jordi Mañes vinuesa, Valérie Fessard, Giorgia Del favero, Ariane Vettorazzi armental
Rapporteurs / Rapporteuses : Jordi Mañes vinuesa, Valérie Fessard

Résumé

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Les mycotoxines sont des métabolites secondaires toxiques produits par des champignons filamenteux, responsables de la contamination des denrées alimentaires et des produits destinés à la consommation animale. Parmi les mycotoxines identifiées, l'aflatoxine B1 (AFB1) est considérée comme le cancérigène naturel le plus puissant. Au cours de la biosynthèse de l'AFB1, plusieurs précurseurs sont produits tels que la versicolorine A (VerA). La VerA possède un système cyclique furofurane similaire à celui de l'AFB1 et d'autres précurseurs génotoxiques de l'AFB1. VerA a été signalé comme étant génotoxique et cytotoxique pour diverses lignées cellulaires, mais les informations sur la toxicité sont rares. Son potentiel génotoxique et la forte probabilité qu'il s'accumule et coexiste avec l'AFB1 dans les aliments justifient notre intérêt à évaluer la toxicité du VerA dans l'intestin, première barrière en contact avec les mycotoxines après ingestion. Le premier objectif était d'identifier les métabolites issus de la biotransformation du VerA. Il est bien établi que la transformation in vivo de l'AFB1 est une étape clé pour leur génotoxicité. En revanche, aucune information n'est disponible sur la metabolisation du VerA. Nous avons obtenu la première bibliothèque de métabolites de VerA, en incubant du VerA purifié avec des fractions S9 de foie humain en présence de cofacteurs appropriés, suivi d'une analyse UPLC-HRMS. Les données analytiques obtenues ont ensuite été utilisées pour identifier les métabolites de la VerA produits dans des lignées cellulaires intestinales différenciées in vitro ainsi que dans des tissus intestinaux et hépatiques exposés ex vivo. Des métabolites appartenant aux métabolites de phase I et de phase II du VerA ont été détectés. Les résultats ont révélé un métabolite compatible avec la bioactivation du VerA et ses effets génotoxiques, ainsi que des voies de détoxification potentielles.Le second objectif était d'évaluer la mutagénicité et la génotoxicité du VerA. Nous avons particulièrement étudié le rôle de l'activation métabolique dans la mutagénicité en raison de sa pertinence pour la toxicité des mycotoxines bisfuranoïdes. En outre, nous avons étudier la génotoxicité du VerA dans les cellules épithéliales intestinales. Nos résultats indiquent que l'activation métabolique de VerA est essentielle pour sa mutagénicité. De plus, il a été démontré que cette toxine est également hautement génotoxique et induit des dommages à l'ADN même à faible dose au niveau intestinal. Outre l'instabilité chromosomique, VerA induit une augmentation des cassures de brins d'ADN, des dommages oxydatifs ainsi que des signes de stress de réplication. Nos résultats de génotoxicité suggèrent que les mécanismes de toxicité de VerA et AFB1 sont différentiels.Le troisième objectif de cette thèse était d'évaluer les changements précoces du transcriptome induits par la VerA et l'AFB1 dans les cellules épithéliales intestinales différenciées. Nos résultats ont confirmé que, contrairement à l'AFB1, la VerA induit des changements profonds dans les profils d'expression génique globaux des cellules exposées. En plus des changements liés aux éléments connus de la toxicité du VerA (stress oxydatif, apoptose et génotoxicité), nous avons également détecté de nouvelles voies spécifiquement exprimées par la VerA. Nos résultats suggèrent que la VerA a induit un dysfonctionnement mitochondrial lié à l'induction d'une réponse interféron de type 1 médiée par cGAS-STING. En outre, la VerA a modifié l'expression de gènes impliqués dans la régulation de la forme et de l'adhésion des cellules. Ces données confirment que la toxicité du VerA est beaucoup plus complexe que celle de l'AFB1. Dans l'ensemble, la VerA est une mycotoxine émergente hautement toxique. Les résultats du présent projet de thèse de doctorat fournissent des informations importantes sur la toxicité du VerA dans l'intestin et contribueront à caractériser le danger associé à son exposition.