Thèse soutenue

Stabilisation de mousses liquides par des charges ioniques : étude multi-échelle simultanée dans l'espace de Fourier et l'espace réel

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Auteur / Autrice : Julien Lamolinairie
Direction : Giovanna FragnetoOlivier Diat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique de la matière condensée et du rayonnement
Date : Soutenance le 07/07/2023
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut Max von Laue-Paul Langevin (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Sylvain Faure
Examinateurs / Examinatrices : Élise Lorenceau, Emanuel Schneck
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Laure Fameau, Fabrice Cousin

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Une mousse liquide – une dispersion d’air dans un liquide – est un fluide complexe, peu dense, et aux propriétés viscoélastiques très variables en fonction de sa formulation. Ce type de fluide trouve donc des applications dans une multitude de domaines, couvrant l’industrie alimentaire pour sa légèreté et son onctuosité ; les services de lutte contre les incendies pour sa capacité à remplir de grands espaces tout en agissant comme une barrière isolante ; la décontamination de grande surface tout en minimisant la quantité d’effluents, etc. Les mousses sont ainsi omniprésentes dans la vie quotidienne. Cependant, c’est un fluide qui n’est jamais à l’équilibre thermodynamique et de ce fait qui est structurellement toujours en évolution jusqu’à ce que le gaz et le liquide qui le constitue, soient séparés. Le vieillissement de la mousse est caractérisé par des phénomènes physico-chimiques à différents temps et à différentes échelles, qui restent toujours difficiles à corréler. Cette corrélation est pourtant déterminante afin de pouvoir à terme moduler la formulation de la mousse, pour à la fois contrôler ces propriétés viscoélastiques et sa durée de vie en fonction des applications recherchées. Il est ainsi très important de caractériser une mousse dans sa globalité, de la bulle (sur une échelle du millimètre) au film inter-bulles ainsi qu’à la taille des associations des agents moussants (échelle du nanomètre). Ceci requiert la combinaison simultanée d’une grande variété de techniques expérimentales afin de suivre l’évolution multi-échelle d’une mousse.Pour relever ce défi, un nouveau dispositif a été mis au point permettant la collection simultanée des courbes d’intensité de diffusion de neutrons aux petits angles (SANS), de la conductivité électrique et d’images optiques de la mousse. Grâce au développement d’un modèle d’analyse, des informations sur la structure des films inter-bulles de la mousse, ainsi que sur les micelles et les bords de Plateau, ont été extraites des données de diffusion. La conductivité électrique, quant à elle, nous permet de déterminer avec précision la quantité de liquide dans la mousse, tandis que la technique d'imagerie fournit une caractérisation de la taille des bulles et de son évolution temporelle. La combinaison de ces résultats nous a permis notamment de décrire, pour la première fois, un isotherme de pression de disjonction en fonction de l’épaisseur moyenne des films au sein même d’une mousse en évolution. Cette approche innovante a ensuite été appliquée à une étude focalisée sur la stabilité d’une mousse formulée à partir d’un tensioactif non ionique (un alcool gras ethoxylé) auquel des charges ioniques ont été ajoutées, soit par un second tensioactif ionique (le Sodium Dodecyl Sulfate), ou par des ions nanométriques de faibles densités de charges. Dans le premier cas, l’espèce ionique vient s’ancrer dans le film de tensioactifs stabilisant la mousse par une interaction hydrophobe grâce à sa chaine grasse alors que dans le deuxième cas, l’association des nano-ions avec la monocouche de tensioactif est due à un effet de forte chaotropicité. Bien que ces deux espèces aient tendances à allonger le temps de vie d’une mousse non ionique, des similitudes et des différences subtiles sont discutées, en corrélant les observations entre les grandeurs macro- et nanométriques et en y associant la réponse rhéologique des films interfaciaux.