Paramètres de complexité des signaux de la fibrillation atriale persistante pour discrimination des zones arythmogènes actives au cours de l'ablation par radiofréquence
Auteur / Autrice : | Fabien Squara |
Direction : | Vicente Zarzoso, Olivier Meste |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Santé numérique |
Date : | Soutenance le 19/09/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences et technologies de l'information et de la communication (Nice ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Informatique, signaux et systèmes (Sophia Antipolis, Alpes-Maritimes) |
Jury : | Président / Présidente : Maxime Sermesant |
Examinateurs / Examinatrices : Vicente Zarzoso, Olivier Meste, Maxime Sermesant, Guy Carrault, Rodrigue Garcia, Marianna Meo | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Guy Carrault, Rodrigue Garcia |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La fibrillation atriale (FA) est l’arythmie la plus fréquente, et est responsable d’une morbidité et d’une mortalité significative. L’ablation de la FA persistante basée sur l’analyse des électrogrammes intracardiaques est complexe, et l’identification correcte du substrat atrial de la FA est primordiale. Différents paramètres du signal ont été utilisés pour caractériser la complexité de la FA de manière non invasive, et sont reliés au pronostic après traitement. Parmi eux, l’amplitude de l’onde fibrillatoire (FWA) sur l’électrocardiogramme (ECG) de surface a été décrite comme un marqueur non invasif de la complexité de la FA, qui semble prédire les résultats de l’ablation. Cependant, les déterminants de la FWA restent incomplètement compris. Dans ce travail, nous avons voulu évaluer les implications respectives du substrat anatomique atrial et des caractéristiques spectrales de la FA sur la FWA. Nous avons également analysé l’évolution de la fréquence dominante (dominant frequency, DF) de la FA au cours de l’ablation par radiofréquence de la FA persistante pour identifier les zones atriales jouant un rôle dans le maintien de l’arythmie, et nous avons effectué des corrélations avec des mesures électrophysiologiques directement accessibles au rythmologue pendant l’intervention pour aider à définir les cibles atriales appropriées. Nous avons inclus 29 patients ablatés de FA persistante par radiofréquence, avec isolation des veines pulmonaires et ablation du substrat atrial identifié par dispersion spatiotemporelle ou électrogrammes fragmentés complexes (>70% de l’enregistrement). La FWA était mesurée sur des ECG d’une minute par concaténation des intervalles TQ sur les dérivations DI, V1, V2 et V5 à l’état basal et immédiatement avant arrêt de la FA. La DF de la FA était mesurée sur les composantes indépendantes déduites des ECG d’une minute à l’état basal et après ablation de chaque zone atriale. Les drivers actifs (active drivers, AD) étaient différentiés des zones neutres (bystander zones, BZ) soit par une diminution significative de la DF (>10%), soit par arrêt de la FA. L’évolution de la FWA au cours de l’ablation a été comparée à celle de la DF. La FWA a été comparée à l’étendue des zones de bas voltage atriales, à la surface de tissu atrial sain, et à l’amplitude de l’onde P en rythme sinusal. La valeur prédictive de la FWA pour la récidive de la FA a été évaluée. Pour identifier les AD vs. BZ, plusieurs caractéristiques électrophysiologiques ont été évalués comme l’Average Complex Interval (ACI), permettant une mesure automatisée du cycle moyen entre deux activations locales endocardiques. Nous avons trouvé que la FWA restait stable au cours de l’ablation avec des valeurs comparables à l’état basal et avant arrêt de la FA, alors que la DF diminuait significativement. La FWA sur V5 était fortement corrélée à la surface de tissu atrial sain. La FWA démontrait une corrélation modérée à forte avec l’amplitude de l’onde P dans toutes les dérivations. Egalement, la FWA ne prédisait pas la récidive de FA durant le suivi. Sur les 159 zones atriales évaluées, l’ACI était plus court pour les AD que les BZ, et l’ACI moyen de toutes les zones de substrat était plus court chez les patients chez qui la radiofréquence échouait à réduire la FA. La récidive de la FA était associée avec plus de zones ayant un ACI similaire à l’ACI le plus court du patient. En analyse multivariée, un ACI <70ms prédisait un AD et un ACI moyen >75 ms prédisait un arrêt de la FA durant la procédure. Ces résultats suggèrent que la FWA n’a pas de lien direct avec la complexité de la FA mais est surtout déterminée par la quantité de tissu atrial viable ; de ce fait, la FWA devrait uniquement être considérée comme un marqueur de pathologie du tissu atrial. Egalement, l’ACI aide à identifier les drivers de la FA, et est corrélé avec l’arrêt de la FA et la récidive de la FA durant le suivi.