Perception de la parole sifflée : étude de la capacité de traitement langagier des musiciens
Auteur / Autrice : | Anaïs Tran Ngoc |
Direction : | Fanny Meunier, Julien Meyer |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 11/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Côte d'Azur |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, humanités, arts et lettres (Nice ; 2016-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Bases, Corpus, Langage (Nice ; 2012-....) |
Jury : | Président / Présidente : Diana Passino |
Examinateurs / Examinatrices : Léo Varnet | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Rachid Ridouane, Daniele Schön |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La perception de la parole est un processus qui doit s'adapter à un grand nombre de facteurs de variabilité. Ces variations, qui modifient le signal sonore, incluent des spécificités de production chez les locuteurs. En utilisant un signal de parole modifiée de manière expérimentale, nous pouvons cibler certains aspects du signal, pour mieux comprendre leurs rôles dans les processus perceptifs. Dans cette thèse, nous traitons une forme de parole naturellement modifiée, appelée « parole sifflée », pour explorer le rôle que jouent les indices acoustiques des phonèmes lors de la perception de la parole. Cependant, ces facteurs de variabilité concernent également la réception du signal, où l'écoute est influencée par l'expérience de chacun. Nous nous intéressons ici à l'effet de la pratique musicale classique sur la perception de la parole sifflée. La parole sifflée augmente le signal de la parole modale vers le registre de fréquences le mieux perçu par l'oreille humaine. Dans notre corpus, les voyelles se réduisent à des fréquences sifflées dans un registre propre à chaque voyelle, et les consonnes modifient ces fréquences selon leur articulation. Dans un premier temps, nous avons considéré la manière dont la parole sifflée est traitée par des personnes n'ayant jamais entendu ce mode de parole auparavant (écouteurs naïfs). Nous avons considéré quatre voyelles et quatre consonnes cible : /i,e,a,o/ et /k,p,s,t/, analysées dans un contexte isolé et dans la forme VCV, ainsi que dans des mots sifflés (choisis pour intégrer ces mêmes phonèmes). Nous avions ensuite considéré l'effet de la pratique musicale sur la perception de la parole sifflée, en nous intéressant également à différentes façades de l'impact de la pratique musicale : le type de traitement, le transfert de connaissance et l'effet du niveau et de l'instrument d'apprentissage.Les résultats montrent que tous les écouteurs catégorisent les phonèmes et les mots bien au-dessus du hasard, avec une préférence pour certaines caractéristiques acoustiques, soit des phonèmes (consonnes ou voyelles) ayant des contrastes de fréquence. Cette facilité est néanmoins affectée par le contexte du phonème (notamment dans le mot). Nous observons dans un second temps un effet de pratique musicale continue selon la quantité d'expérience, mais qui est d'autant plus marqué pour des personnes avec un haut niveau de pratique. Nous attribuons cet « avantage » musical à une meilleure exploitation d'indices acoustiques, permettant un transfert de connaissances musicales vers la parole sifflée, bien que l'effet de transfert reste inférieur à une expérience de pratique sifflée. Cette exploitation acoustique est spécifique à l'instrument pratiqué, avec un avantage marqué pour les flûtistes, surtout dans le traitement des consonnes. Ainsi, l'effet d'un entraînement, tel que la musique, améliore la performance selon la similarité du signal sonore d'un point de vue acoustique et articulatoire.