Thèse soutenue

Gouverner la prison.De la normalisation à la rationalisation de la gestion carcérale : une mise en perspective entre la France et l'Espagne

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Auteur / Autrice : Valérie Icard
Direction : Jacques de Maillard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences politiques
Date : Soutenance le 07/01/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Guyancourt, Yvelines ; 1983-....)
référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Sociologie et science politique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Pierre-Yves Baudot
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Cécile Douillet, Corinne Rostaing, Grégory Salle, Dan Kaminski
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Cécile Douillet, Corinne Rostaing

Résumé

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Dans cette thèse, nous proposons d’analyser les politiques contemporaines de réforme de la prison ,à partir d'une approche de sociologie politique et de sociologie carcérale. À l'appui d’enquêtes sociologiques dans quatre établissements pénitentiaires en France et en Espagne, est étudié le processus de « normalisation carcérale » dont l'objectif est de rapprocher la vie en détention de celle à l'extérieur. Trois modalités de normalisation retiennent l’attention : la transformation de la relation entre personnes détenues et personnel de surveillance (notamment via la sécurité dynamique), l'amélioration des conditions matérielles de détention et la responsabilisation des personnes incarcérées(notamment promue dans un nouveau régime de détention, les modules de respect). Nous souhaitons comprendre comment la normalisation carcérale et les objectifs sécuritaires et disciplinaires s'articulent dans les réformes contemporaines. L’ambition de cette thèse est de démontrer que le processus de normalisation constitue un levier de rationalisation de la gestion carcérale, en explicitant les reconfigurations des logiques professionnelles, organisationnelles et institutionnelles à l’œuvre. Proposant une sociologie politique des réformes carcérales dans deux cadres nationaux différents, la thèse s'organise autour de trois grands axes de questionnements. Nous analysons tout d’abord les différentes configurations d’action publique dans l'impulsion et les appropriations des politiques de normalisation carcérale. Ensuite, nous en observons les conséquences organisationnelles et professionnelles au sein des établissements. Plus spécifiquement, il s’agit d’examiner, en France et en Espagne, l'influence des politiques de normalisation sur l'évolution des pratiques du personnel de surveillance, les ressorts de son autorité et la relation qu'il entretient avec les personnes détenues. Enfin, à partir de l’analyse de la différenciation des régimes de détention et de l’introduction d’un objectif de responsabilisation, sont étudiées les transformations des modalités de production de l’ordre et d’assujettissement des personnes détenues. Nous mettons ainsi en évidence les reconfigurations contemporaines des modalités de gouvernement de la prison contemporaine, en analysant les transformations de l’autorité du personnel de surveillance, le traitement différentiel des personnes détenues et le recours à des stratégies incitatives et d’activation. Dans cette perspective, l’enjeu analytique de notre thèse consiste à expliciter ce que l'on entend parla rationalisation de l’action publique carcérale, en soulignant la sophistication du pouvoir institutionnel dans la production de l’ordre carcéral.