Risque d'évènements cardiovasculaires chez les survivantes de cancer du sein : étude des facteurs prédictifs, cohortes CANTO et E3N
Mots clés
Résumé
Les maladies cardiovasculaires et le cancer du sein (CS) sont les pathologies chroniques les plus fréquentes chez la femme et partagent en commun un certain nombre de facteurs de risque qui pourraient modifier les schémas thérapeutiques et la toxicité de la chimiothérapie, affectant par la suite négativement le pronostic.Les objectifs de ce projet doctoral étaient d'étudier l'influence du surpoids et de l'obésité sur le risque de cardiotoxicité après traitement par chimiothérapie dans la cohorte CANTO, de réaliser une revue systématique de la littérature des modèles pronostiques développés pour prédire la cardiotoxicité liée au traitement par chimiothérapie chez les survivantes d'un CS et d'étudier dans la cohorte E3N la présence des facteurs de risque CV et leur association chez les femmes ayant un CS ou non dans un premier temps et dans un second temps, chez les survivantes de CS, de comparer la survenue d'évènements cardiovasculaires majeurs (MACE) en fonction des FRCV et des caractéristiques du CS.Pour se faire nous nous sommes basés sur le premier gel de la base de données de la cohorte CANTO incluant 5 801 femmes françaises atteintes d'un cancer du sein localisé (analyse intermédiaire à M12), les données de la cohorte E3N suivant 98 995 femmes françaises depuis 1990, et les données de la littérature sur les modèles pronostiques développés pour prédire la cardiotoxicité liée au traitement par chimiothérapie chez les survivantes d'un CS.Nos résultats ont permis de mettre en exergue des facteurs de risque CV traditionnels (surpoids/obésité, HTA, diabète de type 2), histologiques (stade, grade), cliniques et des biomarqueurs (RE, PR, HER2) comme des facteurs prédictifs de cardiotoxicité et d'événements cardiovasculaires majeurs. Nos résultats suggèrent que le surpoids et l'obésité sont des facteurs de risque fréquents de cardiotoxicité chez les survivantes de CS. Les femmes obèses avaient une augmentation du risque de cardiotoxicité par rapport aux femmes de poids normal après traitement par anthracycline et/ou trastuzumab. Nous avons également mis en relief le rôle que joue le surpoids/obésité sur l'augmentation du risque de CS mais aussi en tant que facteur péjoratif chez les survivantes d'un CS. Ces informations, d'une valeur pronostique en pratique clinique, représentent la première étape vers un traitement personnalisé pour chaque patiente nouvellement diagnostiquée d'un CS.Bien que des progrès substantiels aient été réalisés dans l'identification de facteurs pronostiques et prédictifs pour le risque de toxicité cardiovasculaire, nous ne sommes pas encore en mesure de prédire avec précision les patientes susceptibles de développer une toxicité cardiovasculaire après traitement antinéoplasique.