Thèse soutenue

Fonctions exécutives et haut potentiel intellectuel chez l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte

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Auteur / Autrice : Emma Hilscher
Direction : Grégoire Borst
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 12/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant (1983-... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Nathalie Blanc
Examinateurs / Examinatrices : Grégoire Borst, Nathalie Blanc, Béatrice Bourdin, Cédric Bouquet, Emilie Salvia
Rapporteurs / Rapporteuses : Béatrice Bourdin, Cédric Bouquet

Résumé

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Les enfants et les adolescents à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) sont en avance par rapport à leurs pairs avec un QI dans la norme dans plusieurs domaines cognitifs dont les fonctions exécutives (FE). Les FE, composées du contrôle inhibiteur, de la mémoire de travail et de la flexibilité mentale sont cruciales pour le développement de compétences complexes comme la régulation des comportements, des émotions et le raisonnement. Par conséquent, les HPI pourraient disposer de compétences plus efficaces pour s'auto-réguler. Pour autant, d'après certains cliniciens et chercheurs, les HPI rencontreraient plus de difficultés socio-émotionnelles que la population générale. Afin de mieux comprendre les capacités de régulation émotionnelle des HPI au cours du développement, nous avons exploré dans cette thèse : 1) le développement de la régulation émotionnelle et de la réactivité émotionnelle entre 9 ans et 20 ans et selon les capacités intellectuelles à l'aide d'auto-questionnaires (étude 1) et 2) le développement des FE à l'aide de plusieurs tâches les mesurant (Stroop, Stop signal, N-back et Alternate task-switching) dans des contextes dénués d'émotions (FE froides) et chargés émotionnellement (FE chaudes) selon les capacités intellectuelles entre 9 et 20 ans (étude 2) puis l'organisation de ces FE (degré de généralité et spécificité) au cours du développement selon les capacités intellectuelles (étude 3). Les résultats de notre première étude montrent que les HPI ne diffèrent pas de leurs pairs avec un QI dans la norme tant au niveau de la réactivité émotionnelle, des difficultés de régulation que des stratégies de régulation utilisées. Les résultats de la deuxième étude montrent pour la première fois que les trajectoires développementales des FE froides et chaudes sont différentes selon les capacités intellectuelles. De manière générale, pour tous les participants, les émotions affectent les performances des FE (à l'exception de la Stroop pour laquelle le contexte émotionnel n'a pas d'incidence chez les HPI). Toutefois, les HPI sont moins impactés par les émotions. Quelque soit la charge émotionnelle, les HPI disposent généralement de compétences exécutives plus efficientes et un développement plus précoce comparé à leurs pairs pour qui les FE chaudes se développent plus tardivement que les FE froides, conformément au modèle de Zelazo. La troisième étude met en évidence, grâce à la modélisation en réseaux, une réorganisation des FE plus précoce chez les HPI par rapport au groupe avec un QI dans la norme. Enfin, le dernier objectif de cette thèse consistait à explorer plus finement le développement du raisonnement intuitif, en opposition au raisonnement délibéré qui repose sur une pensée plus coûteuse, a priori plus efficace chez des personnes avec un haut QI (étude 4). Les résultats montrent que le raisonnement des HPI entre 10 et 17 ans repose plutôt sur des réponses intuitives correctes que sur l'utilisation de la délibération. Ce raisonnement intuitif se développerait plus précocement en comparaison au groupe avec un QI dans la norme. Cette thèse met en évidence que le QI supérieur des HPI est associé à un développement plus précoce des performances, tant au niveau des FE froides et chaudes que pour l'émergence d'intuitions logiques.