Thèse soutenue

Perception et accommodation chez les apprenants français de l'anglais : une étude acoustique et électroglottographique de la voix craquée

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Auteur / Autrice : Léa Burin
Direction : Nicolas Ballier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Linguistique anglaise
Date : Soutenance le 25/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du langage (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de linguistique interlangues, lexicologie, linguistique anglaise et de corpus - atelier de la parole (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Jane Stuart-Smith
Examinateurs / Examinatrices : Jane Stuart-Smith, Claire Pillot-Loiseau, Richard Wright, Emmanuel Ferragne
Rapporteurs / Rapporteuses : Jane Stuart-Smith, Claire Pillot-Loiseau

Résumé

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Nous avons analysé la faculté des apprenantes françaises à imiter la voix craquée produite par des locuteurs français ou américains. L'influence du genre a été analysée au sein d'une même langue. Nous avons adopté une double approche qui comprend à la fois des mesures acoustiques et électroglottographiques (EGG), ainsi qu'une évaluation perceptive de la qualité de la voix. Les stimuli ont été enregistrés par 12 locuteurs français et américains (3 hommes et 3 femmes par langue). Chaque locuteur modèle a produit dans sa langue maternelle dix phrases courtes, deux fois, avec ou sans occurrence de craquement en position finale. Nous avons utilisé exclusivement des phrases déclaratives car elles déclenchent un ton descendant dans les deux langues. 20 femmes cisgenres étudiant l'anglais ont pris part à l'expérience, qui comprenait trois tâches : lecture, répétition/imitation, et évaluation de la voix. Les données récoltées dans les deux premières tâches ont été comparées afin d'observer une accommodation éventuelle. Dans la tâche d'évaluation, les sujets ont évalué la voix de 8 modèles (2 hommes et 2 femmes par langue) produisant une même phrase, avec et sans occurrence de craquement en position finale. La voix était jugée en fonction de 4 traits sur une échelle allant de 1 à 6. Notre étude comparative de la voix craquée française et américaine a démontré que toutes les variables ne rendaient pas compte du même effet selon la mesure analysée. Il y a un effet global de la langue sur CPP et f0, un effet du genre sur f0 et H2*-H4*, et du genre en français sur DECPA. Les deux mesures EGG n'ont montré que peu de variation dans les deux langues. Davantage de variabilité a été observée dans la voix craquée américaine. Les différences hommes/femmes sont plus importantes en anglais américain, avec une plus grande variabilité observée dans la façon dont les femmes produisent la voix craquée. Aucune différence notable entre les sexes n'a été observée en français. Il est possible qu'il existe plus de sous-types de voix craquée en anglais américain, les femmes en produisant davantage. Ces différences au sein du genre confirment que l'utilisation de la voix craquée est un phénomène social, et que ce dernier est plus répandu en anglais américain. Un plus grand nombre d'occurrences de craquement en position finale a été observé lorsque les sujets lisaient en anglais. Les voyelles basses ont été plus fréquemment craquées que les hautes, dans les deux langues. Aucun effet de convergence globale n'a été observé. Seule la durée des voyelles converge globalement, tandis que H1*, H2*, H1*-A2* et H1*-A3* divergent globalement. Les dimensions recevant le plus d'effets dans les deux langues différent. Aucun effet significatif du genre n'a été observé au sein d'une même langue. Les deux qualités de voix ont été évaluées de manière similaire. La voix craquée a été évaluée légèrement plus négativement, surtout, chez les modèles français et inversement chez les locuteurs américains. Elle a aussi été jugée de manière plus positive si elle est produite par les locuteurs américains plutôt que par les locuteurs français, et, globalement, plus positivement quand elle est produite par les femmes. Elle a été jugée plus positivement que la voix non-craquée lorsqu'elle est produite par les hommes américains. Pratiquement aucune différence n'a été observée entre les deux qualités de voix dans les enregistrements des femmes américaines. Elle a été jugée plus positivement avec les voix de femmes françaises qu'avec les voix des hommes français. Elle a toujours été évaluée plus négativement que la voix non-craquée en français, qu'elle soit produite par les hommes ou par les femmes.