Thèse soutenue

Enjeux épistémologiques et ontologiques d'une théorie unificatrice : unité et diversité des sciences

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Auteur / Autrice : Aurore Poret-Joffrain
Direction : Dominique Lambert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire et philosophie des sciences et des techniques
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Université Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Savoir, sciences, éducation (Paris ; 2019-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Sciences philosophie histoire (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Valérie Paul-Boncour
Examinateurs / Examinatrices : Valérie Paul-Boncour, Luciano Boi, Anne Staquet, Inès Safi, Fabrice Vandebrouck
Rapporteurs / Rapporteuses : Luciano Boi, Anne Staquet

Résumé

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La quête d'une théorie unificatrice sous-tend des interrogations épistémologiques (modes de construction des connaissances) et ontologiques (conditions et modes d’existence). En introduction, l’unité de la science est rappelée par la même démarche générale, critique et justificative. Mais, l’articulation de toutes les connaissances scientifiques s’avère difficilement envisageable, étant donné la diversité des disciplines et des domaines de recherche émergeant de l’interdisciplinarité. Afin de mettre en lumière cette diversité, la pluralité d’unités est explicitée en fonction d’une diversité de types d’élémentarités et de modèles explicatifs et justificatifs. Cette thèse est construite en trois parties, et chaque partie explicite un mode d’unification différent selon le mode de cohérence, soit le tout formel, soit un tout expérimental, soit un tout conceptuel, relatif au type d’approche : soit logique, soit instrumental, soit abstrayant par généralisation. La première partie traite de la diversité des sciences exactes. Elle explique comment est construit un tout formel, sa diversité possible de formes et ses limites. La seconde partie mentionne la diversité de processus naturels et expérimentables. Elle met en lumière la nécessaire compréhension des processus complexes, les limites de leur prédictibilité et la diversité de types de systèmes. La troisième et dernière partie mentionne l’apport de la philosophie et de la sociologie pour analyser la construction des connaissances et des représentations en fonction du choix des fondements et des finalités. Elle insiste sur la diversité de positions philosophiques, en philosophie des sciences, soit moniste (reposant sur un fondement unique), soit pluraliste (reposant sur plusieurs fondements, articulés ou non). Cette diversité explicitée montre qu'une théorie du tout ne serait pas une théorie de tout et qu'elle relève d'un choix philosophique sous-jacent. L’unification est relative au modèle explicatif déterminé par le choix de modes de cohérence (logique et substantiel). Or, plusieurs modèles explicatifs sont nécessaires pour comprendre la diversité phénoménale et nouménale dans le réel, notamment dans les modes d’être au monde : le modèle nomologique de la physique théorique pour décrire et prédire le comportement de la matière baryonique dans l’univers, le modèle fonctionnaliste (ou modulaire) de la biologie théorique pour décrire et guérir le vivant, le modèle connexionniste (ou computationnel) des neurosciences pour comprendre l’émergence des fonctions cognitives et les programmer dans des robots. Enfin, plusieurs positions philosophiques peuvent émerger à partir du constat qu’une diversité d’explications scientifiques est nécessaire à la compréhension du fonctionnement complexe du réel : soit un matérialisme qui privilégie le composant, soit un essentialisme qui privilégie cette diversité de fonctionnement, soit un pragmatisme qui privilégie l’action. Mais, ces trois positions sont en fait réductibles à deux : soit une position idéaliste, privilégiant le conceptuel, généralisant, soit une position réaliste, privilégiant le concret et les particularités. Le point de vue réaliste, le nôtre, invite alors à questionner la réalité naturelle, indépendante de l’humain, et la réalité humaine, au mode de vie particulier, avec ses artefacts et son fonctionnement par représentations. Cette thèse aboutit donc sur une nouvelle question philosophique à propos de nos diverses manières de définir notre espèce (naturaliste, écoculturelle, etc.)