Thèse soutenue

Modulation par les fibres alimentaires et le mucus intestinal de la pathogénicité des Escherichia coli entérotoxinogènes (ETEC)

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Auteur / Autrice : Thomas Sauvaitre
Direction : Stéphanie BlanquetTom Van de WieleLucie Etienne-Mesmin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie - Santé
Date : Soutenance le 03/06/2022
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne (2021-...) en cotutelle avec Universiteit Gent
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Microbiologie Environnement Digestif et Santé
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Barnich, Benoit Chassaing
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Rolhion, Véronique Delcenserie

Résumé

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Le tube digestif humain est un acteur clé à la frontière entre l'environnement externe et l'hôte. À l'interface entre la lumière digestive et l'épithélium intestinal, la couche de mucus, une sécrétion viscoélastique complexe et adhérente, agit comme un modulateur majeur de la santé humaine. Afin d'atteindre les cellules intestinales et/ou de les coloniser, plusieurs agents pathogènes entériques doivent interagir avec cette ligne de défense physique, chimique et biologique et la traverser. L’Escherichia coli entérotoxinogène (ETEC), principal agent pathogène de la diarrhée du voyageur, n'échappe pas à cette règle. Pour accomplir son cycle infectieux, l’ETEC est équipé d'un arsenal d'adhésines et de mucinases permettant respectivement d’adhérer à et de dégrader le mucus. Ces mécanismes de colonisation facilitent la production et la libération des entérotoxines thermolabile (LT) et/ou thermostable (ST), responsables in fine de la diarrhée aqueuse de type cholérique. À ce jour, le traitement des infections à ETEC reste principalement symptomatique avec un recours fréquent aux antibiotiques. Compte tenu du poids mondial de la résistance aux antibiotiques et de son impact négatif sur la santé humaine, il est urgent de trouver de nouvelles stratégies préventives. Parmi les candidats, les fibres alimentaires ont été récemment étudiées pour leurs propriétés antagonistes contre des agents pathogènes entériques. Des études ont suggéré qu'elles peuvent agir par différents moyens : (i) antagonisme direct (effet bactériostatique, inhibition de l'adhésion cellulaire et de la production de toxines) ou (ii) antagonisme indirect notamment via la modulation de la composition/activité du microbiote intestinal ou l’inhibition de la dégradation du mucus par les microorganismes résidents. Dans ce contexte, ce travail de recherche doctorale conjoint entre l'Université de Gand (Belgique) et l'Université Clermont Auvergne (France) visait à (1) élucider comment le compartiment du mucus peut moduler la survie et la virulence de la souche prototypique ETEC H10407, et (2) étudier si des produits contenant des fibres alimentaires pourraient présenter des propriétés anti-infectieuses pour ETEC, notamment en empêchant les interactions ETEC-mucus. Dans le premier axe, nous avons confirmé la propension à l'adhésion de la souche prototypique d’ETEC H10407 pour le mucus intestinal en utilisant différentes approches simples in vitro. L'introduction d’une sécrétion de mucine et d’une matrice de mucus solide dans le modèle digestif dynamique TIM-1 a montré que le mucus pouvait favoriser la survie des ETEC lors du passage gastro-intestinal sans affecter significativement leur virulence. En revanche, lorsque la souche H10407 adhère sur des cellules intestinales de l'hôte simulées par la co-culture Caco-2/HT29-MTX sécrétant du mucus, l'expression des gènes de virulence est significativement induite. Ceci confirme que l'hôte est un facteur clé de la virulence du pathogène. Lors d’expériences de batch fermentaire simulant les interactions pathogènes-microbiote, l'ajout de mucine n'a pas eu d'impact significatif sur la survie de ETEC, mais nous avons montré que le compartiment muqueux était colonisé par un microbiote spécifique particulièrement affecté par l’infection. Dans le deuxième axe, un programme de criblage a d'abord été réalisé pour sélectionner parmi 8 produit contenant des fibres les deux plus à même d’exercer des propriétés anti-infectieuses contre la souche ETEC H10407. Ont été sélectionnés un extrait de fibre de lentilles et un extrait de parois de levure Saccharomyces cerevisiae. Des études approfondies ont indiqué que l'extrait de lentilles réduisait la concentration de toxine LT tandis que les parois de levure diminuaient l'adhésion des ETEC au modèle de co-culture sécrétant du mucus. (...)