Thèse soutenue

La femme yéménite dans les récits de voyageuses occidentales francophones de 1950 à 1990

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Auteur / Autrice : Abdulalem Saeed
Direction : Caroline Fischer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues & littératures françaises
Date : Soutenance le 05/12/2022
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences sociales et humanités (Pau, Pyrénées Atlantiques)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Arts/Langages : Transitions et Relations

Mots clés

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Résumé

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Voyager au Yémen, pays lointain et plutôt fermé aux Occidentaux mais riche d’un passé mythique dont on a chanté les éloges depuis l'Antiquité, est comme une véritable aventure. Ce caractère exceptionnel est mis en évidence dans les récits de voyage de ceux qui ont pu s'y rendre. Dans leurs récits respectifs, les quatre voyageuses occidentales francophones Lucile Fevrier, Claudie Fayein, Laurence Deonna, Blandine Destremau témoignent d'abord du même désir et de la même impatience qui ont précédé leurs voyages et font part des différentes expériences de rencontre et de découverte d’un peuple qui leur était inconnu : le peuple yéménite. En tant que femmes, l'un des éléments dynamiques de leurs expériences de voyage est ''la'' femme yéménite qu'elles ont toutes essayé d’approcher jusque dans son intimité (harem) pour mieux saisir et relater les différentes manières d'être femme au Yémen et la condition féminine dans ce pays dit de la reine de Saba.Les récits des quatre voyageuses choisies s’étalent entre deux périodes : de 1948 à 1962 et de 1962 à 1990, suite à la révolution de 1962 marquant la fin de la monarchie ainsi que des évolutions notables, notamment sur la condition des femmes. Même s'ils ne sont que des relations de voyages, ils apportent une couche décisive à toute tentative de compréhension de la société yéménite d'hier, d'aujourd'hui et même de demain. En effet, du fait de leur profession de médecin, sociologue, ethnologue, reporter-photographe, et aussi de leur statut de femme, L. Fevrier, C. Fayein, L. Deonna, B. Destremau sont admises dans l’antre des harems qu'elles peuvent alors pratiquer, observer, décrire. Ainsi, leurs témoignages à ce sujet gagnent d’autant plus en précision, en richesse d’analyse et en authenticité que les voyageurs occidentaux hommes n'y avaient pas accès. On peut amplement attribuer le sceau de l’inédit à ces récits sur les femmes arabes yéménites.Notre thèse s’est articulée autour de trois pistes successives de recherche. Dans un premier temps, nous avons tenté de démontrer que l'attrait exercé par le Yémen aux voyageurs occidentaux repose sur les relations de voyage ou du moins sur les récits rapportés, parfois par bribes, depuis l'Antiquité. En confrontant les récits de voyage de nos quatre auteures avec les précédentes relations de voyage, surtout d'hommes, on se rend compte que les représentations du Yémen en Occident ont connu des évolutions remarquables. La part d'imaginaire tend à se réduire pour laisser place au récit expérientiel, au vécu.Dans un deuxième temps, nous avons traité du thème central de l’invisibilisation des femmes, leur vie au harem telle que décrite par les voyageuses, ces récits rendant compte d’une image jusqu’ici non examinée : celle de la condition de la femme arabe yéménite vue et décrite par des Européennes. Leur statut de femmes aidant, c’est avec patience que les voyageuses ont été introduites dans le quotidien des femmes yéménites, dans leurs réunions, leurs cérémonies de mariage surtout, moment le plus important dans la vie de ces femmes. En étudiant les régimes matrimoniaux, nous donnons une attention particulière au portrait de la femme arabe oscillant entre discours de soumission, d’oppression, de mariages précoce et forcé et un portrait nuancé mettant en jeu une reconsidération de jugements de certaines valeurs.Le troisième axe de notre recherche s’intéresse à la place de la femme yéménite suite aux réformes sociales et culturelles instituées par la révolution de 1962, réformes qui ont bel et bien apporté des modifications concernant la condition et le statut de la femme. Parmi ces modifications, citons l’implication et le militantisme des femmes elles-mêmes pour leurs droits (scolarité, éducation, santé) et donc leur plus grande présence dans l’espace public ainsi dans la vie politique et sociale. Par voie de conséquence, la période pré révolutionnaire et révolutionnaire est caractérisée par une vie au harem quelque peu modifiée pour les femmes.