Thèse soutenue

Déjà-vu et écologie du sens : De la croyance perceptive à la confiance adaptative

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Auteur / Autrice : Claude Weiss
Direction : Pierluigi Basso Fossali
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions, corpus, apprentissages et représentations (Lyon, Rhône ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Claudio Paolucci
Examinateurs / Examinatrices : Jean-François Bordron
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Brunetière

Résumé

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Le phénomène de déjà-vu exacerbe une réalité par laquelle il devient difficile d’admettre que le sens puisse être totalement contenu « dans » ni même « par » un système. L’expérience vivante n’est pas une situation de sens structurée par un ensemble fini de règles puisque le déjà-vu nous montrerait que, justement, si système il y avait, une programmation pourrait manquer son résultat. Il ne s’agit pas là d’un programme qui « échouerait », mais plutôt d’une programmation qui « manquerait » quelque chose. Dans le cas du déjà-vu, la non-conformité d’un résultat escompté, induit non pas une résolution du problème « par » les ressources du système, mais une remise en cause « du » système par le système lui-même. Lorsque nous sommes confrontés à l’exacte répétition d’une scène, au moment où le phénomène se produit, et bien avant de chercher à « résoudre » le problème, nous mettons en doute la phénoménalité même. En somme, ce ne sont pas les calculs qui font difficulté mais la calculabilité elle-même. Et remettre en cause la calculabilité du système c’est nécessairement poser que le phénomène contient sa part de hasard. L’adaptation au sein de notre environnement déborde donc les interactions prédictibles au sein d’un système. Il en va alors des significations comme d’appuis souples et créatifs et non pas comme de résultats rigides et déterminés. Le sens ne répond pas de « programmations » et de systèmes mais relève d’une « gestion » et d’adaptations. Pour s’en convaincre il suffit de se pencher sur les problèmes de la mémoire et sur ceux du temps, deux thématiques épistémologiques que le phénomène de déjà-vu ne manque pas de soulever dans ce qu’elles peuvent avoir de plus fondamental. L’une comme l’autre amène à s’interroger sur des notions comme celles de la complexité, de l’imprévisibilité et de l’imprédictibilité du sens. De surcroit, il faut même envisager que ces notions soient si étroitement liées, qu’il faille envisager des significations qui, à l’intervalle du conscient et du non-conscient, sur fond d’imprédictibilité, soient engendrées au cours d’un processus continu de réduction de l’imprévisible. L’écologie sémiotique que nous cherchons à développer se tient dans l’articulation de ces trois notions. Pour le dire peut-être plus simplement, et en nous inscrivant dans une sémiotique qui envisage un sens résolument continu, si certaines sémiotiques fixent le sens (textuelle), le structure (narrative), le dynamise (discursive), le rendent sensible (perceptive), génétique (cognitive) et interactionnel (pragmatique), alors une sémiotique écologique envisage le sens par l’ensemble de ces aspects mais en y intégrant une part de contingence. Il nous a semblé que le phénomène de déjà-vu n’imposa rien de moins.